Depuis quelques jours, une question me turlupine (alors non, en effet, pas d’intro aujourd’hui : on attaque directement avec une expression complètement ringarde. Je pète le feu ce matin, entre cocaïne et poudre de perlimpinpin) :

Que deviennent Max et Lili ?

Si l’on peut aisément supposer que, de son côté, Petzi continue à bouffer des crêpes et à prendre des bateaux avec des poissons (et un max de drogues), les aventures des deux jeunes enfants étaient carrément moins monotones. D’ailleurs, pour celles et ceux qui ont adoré les BD de cet ours étant petits, n’en rouvrez jamais une. En fait, nos parents n’ont jamais osé nous le dire mais c’est une daube monumentale sans plus d’histoire qu’un club comme le PSG (on est content, on va quelque part, on est content, on devient pote avec les animaux du coin, on est content, on rentre manger des crêpes, on est content).

Ivre, il invite un poisson sur son bateau

Alors que, d’autre part, Max et Lili sont passé par tous les états. Presque pire que les habitants du quartier où se passe Plus Belle la Vie. Seul endroit de Marseille où tu peux choper une maladie vénérienne et croiser ton père caché et un alien en sortant acheter ton pain.

Je me rends compte que mes parents m’ont appris qu’il ne fallait pas suivre un inconnu dans la rue, tout en me laissant lire les aventures des deux enfants les plus flingués de l’histoire de la littérature. Après avoir volé des bonbons, Max n’a pensé qu’au zizi et Lili a été harcelée à l’école. A l’heure qu’il est, ces deux doivent être à la recherche d’un thérapeute capable de les soigner. Les 115 histoires publiées ne sont certainement que la partie visible d’un iceberg de traumatismes névrotiques inénarrables (Lili découvre l’historique de papa, Max regarde des vidéos de l’EI sur youtube, etc).

Tu m’étonnes…

Pour que l’œuvre soit complète, il faudrait que l’on puisse voir comment ils se sont construits (ou pas) en tant qu’adultes après une enfance aussi pétée. Par exemple :

– Max arrête ses études et veut devenir comédien. Pendant quelques années, il alterne entre pièces mal payées et projets gratuits pour des potes. Pour gagner en sécurité, il finit par prendre ce job alimentaire chez un assureur. Il abandonne ses rêves d’artistes pour entretenir une metteuse en scène qui l’aime tout autant que son revenu fixe. Elle finit par le tromper et partir. Dépressif, Max ne finit pas mieux que quadragénaire célibataire, conseiller en clientèle privée, avec un salaire brut de 5′234.-, un appartement triste et une bagnole grise, juste assez grands pour son léger embonpoint. Il est incapable de tomber amoureux d’une autre femme que sa sœur (un tel vécu, ça crée des liens) qui s’est éloignée de lui, parce qu’il “manque d’ambition”. L’aventure dans sa vie se limite à aller une fois par mois aux putes et à lire Michel Houellebecq. Il mourra seul et triste

– Lili finit l’école. Elle commence des études de graphisme, abandonne pour ouvrir un foodtruck, abandonne, puis reprend un bar sans gluten, abandonne, puis lance un café végane et abandonne pour ne pas faire faillite. Elle part pour un voyage initiatique au tour du monde, avec un sac à dos mais sans argent ni rasoir. Elle reviendra avec des poils sous les bras, une nouvelle mentalité (“libérée de la société de consommation”) et un mec un peu chelou qui est musicien/G.O de Club Med/producteur (on ne sait pas de quoi). Finalement, le mode de vie occidental la rattrape. Elle largue son copain, qui est en fait plus producteur de vidéos amateur que de joueur de ukulélé. Elle cherche un travail dans l’événementiel, avant de finir assistante marketing chez PMI, PLR et incapable d’aimer autre chose que son compte en banque et les sacs à main. Elle enchainera les aventures d’un soir, par peur d’avoir un enfant et qu’il vive les mêmes traumatismes qu’elle ou qu’il devienne youtubeur / influenceur. Même si elle aurait rêvé d’être connue. Elle mourra avec un chat et persuadée d’être heureuse.

A côté de ces deux, mes traumatismes juvéniles ne risquent pas de faire des best-sellers pour enfants. Entre Benjamin rentre bredouille de sa première boum, Benjamin se rend compte qu’un de ses potes est de droite et Benjamin ouvre un blog pour se lever le matin, raconter une traversée Lausanne-Evian avec la CGN et un repas à la crêperie d’Ouchy serait plus palpitant.

A lundi !