de Benjamin Décosterd, (initialement) pour se lever à 8h20

Catégorie : Quotidien Page 18 of 21

Nous allions chaudement

Après cette longue vague de chaud, nous voilà de retour à une météo un peu plus normale, avec un peu de bronzage en plus et certainement quelques grands-parents en moins. (Intro impressionnante de profondeur et d’analyse, non ? Vous qui êtes peut-être habitués au Monde Diplomatique, je suis sûr que ça vous coupe le sifflet.)

Mais assez parlé de soleil et de chaud, tout le monde l’a fait jusqu’à hier et je n’aurai certainement rien de plus drôle ou pertinent à ajouter. Tout cela parce que la fin de ma semaine passée était comme la France de 1943 : c’est à dire très occupée. Et pendant ce temps, tous sont venus éponger, à grand coup de chroniques, statuts Facebook et autres tweets, les gouttes de créativité qui perlaient sur le front de mon inspiration.

Et me voilà, arrivant après tout le monde, comme le cheveux sur la soupe ou le poil pubien dans le pot commun de Sportusal d’une équipe de football junior. (D’ailleurs pourquoi y a-t-il toujours un poil pubien dans ce pot de Sportusal, demandez à vos potes ? Peut-être appartient-il à la chaussette noire qui disparait de la lessive. OH Humanité, tu as encore tant de mystères à nous révéler, comme la construction des pyramides, la vie privée de Darius Rochebin, l’utilité du Cottage Cheese* ou les raisons du succès de Brigitte Rosset.)

Mais reprenons : Me voilà donc mardi, seul face à mon écran, cherchant désespérément à rafraichir cette imagination qui a encore le slip qui colle.

Alors comme tout le monde, je me plains. Qu’il fasse chaud, froid, tiède, orange (?), ou suranné (j’adore ce mot), nous n’arrêterons pas de nous plaindre. Un peu pour trouver des choses à nous dire et surtout parce qu’il est plus simple de cacher nos problèmes derrière quelques nuages plutôt que de nous avouer que parfois c’est simplement notre moral qui est orageux. Si le problème est trop persistant, parlez-en à un psy, ou à Philippe Jeanneret.**

A demain !

* : #ToiAussiMangeDuSagexHumide

** : Je le rappelle, nous l’apprenions il y a une semaine : cet homme a un blog sur la météo. Avec des articles comme “Les situations de gel se suivent mais ne se ressemblent pas.” L’occasion de suivre, à la façon des Martine (qui est “à la plage”, “au ski”, “sage sauf une fois au chalet”, etc) les extraordinaires aventures de l’anticyclone des Açores.

“Le meilleur de la pub”

“Le meilleur de la pub”, c’est le titre que l’on aurait pu donner à un livre autobiographique sur mon passage d’une année en agence publicitaire. C’est aussi et surtout le prix qui récompense les meilleures créations publicitaires romandes. Il va falloir qu’on trouve un autre titre avec Pierre-Marcel Favre pour le bouquin, mais j’ai déjà quelques idées.

Donc c’était hier à Genève, dans le studio 4 de la RTS. L’occasion de constater que le décor de l’émission de Jonas Schneiter est particulièrement maltraité. Il était là, casé dans un coin à prendre la poussière comme un vulgaire meuble. C’est bien simple, on aurait dit Philippe Jeanneret (oui, il existe encore et il a même un blog sur la météo : allez-y, grosse dose de fun en perspective, surtout l’article “L’anticyclone des Açores reprend du service”).

Je dois vous avouer que je n’adore pas me rendre à ce genre de soirées, où l’on passe plus de temps à dire que l’on travaille qu’à bosser vraiment, une coupe de champagne à la main.

“Mais enfin cela réunit tes deux passions : l’alcool et les frivolités” me direz vous. Et je ne pourrais pas tellement vous contredire. Mais niveau alcool, il y avait de quoi être déçu.

Pas de champagne mais du chasselas qui était genevois et tiède, c’est dire. Il y avait tout de même un stand Mojito, qui a décidé de fermer au moment où je m’en approchais, un demi verre de blanc à la main et une grimace sur le visage (parfaite démonstration du concept de cause et conséquence). Dès lors, il était clair que même le buffet n’allait rattraper la soirée, ni même reboucher les trous faits dans mon estomac.

Surtout qu’on l’avait attendu ce verre : 45 minutes de discours et de discussions sur scène. L’occasion d’entendre la RTS et sa régie publicitaire parler innovation et nouveaux médias et de se rappeler que si l’on n’allait pas demander leur avis sur la fission nucléaire aux pingouins, c’est qu’il y a bien une raison.

Mais un scoop tout de même : Couleur 3 va changer sa grille dès la rentrée et proposer du contenu différent sur les réseaux sociaux pour les djeun’s, comme un produit d’appel vers les émissions de radio. Si c’est pour cliquer sur une vidéo de Yann Marguet et se retrouver à écouter Julien Doquin en Victor (un faux jeun qui dit weshyo), les pauvres risquent d’être aussi surpris que le gynécologue d’Amanda Lear.

Vous trouvez que c’est palpitant ? Et bien ce n’est pas tout, puisque la cérémonie nous réservait encore 45 incroyables minutes d’attente du buffet, sorte de torture qui consiste à faire griller de la viande juste à côté de 300 affamés. Une fois que les 7 beaux projets vainqueurs aient été récompensé, tout le monde s’est rué sur le buffet, comme s’il s’agissait de Nestlé qui changeait d’agence de comm’.

La suite de la soirée n’a été qu’un enchaînement de moments surprenants :

  • Une discussion avec un monsieur très gentil, mais avec un air un peu flippant et timide, et une chemise à manches courtes. Pourquoi flippant, à part la chemise ? Certainement ses premières phrases, prononcées sur un ton précipité : ”Tu fais quoi, toi ? Moi je connais des gens importants dans le marketing en France.”
  • Un moment délicieux avec Jean-Luc Duvoisin, qu’il faudra réitérer autour de plus de verres. Jean-Luc Duvoisin qui est beaucoup moins “connard de la pub” qu’il n’y parait. Et je ne dis pas ça parce qu’il a dit du bien de mon blog ou qu’il travaille avec Volkan Oezdemir. Vous savez le mec qui dure 28 secondes.
  • La présence de Christine Caron, photographe aussi à l’aise au milieu du public rock de Polars Circles que du buffet genevois du meilleur de la pub. Christine Caron qui prouve que l’on peut réussir professionnellement tout en étant un extrêmement sympa. Christine Caron qui, brillantissime, pourrait certainement prouver plein d’autres choses, comme la théorie des cordes, si elle n’était pas occupée à faire de magnifiques photos.

Donc qu’a-t-on au meilleur de la pub ? Pas grand chose. Le lien entre médias et publicité est toujours aussi fort (La relation est-elle malsaine ? Les Valaisans sont-ils trop proches en famille ? Qui sommes-nous pour juger au fond ?) et la publicité en Romandie n’est pas morte.

Même si les pubs suisses que l’on voit à la TV ressemblent à de mauvaises blagues racontées en français fédéral par un Suisse-Allemand, le marché est très créatif pour le petit bassin de population que nous sommes. Et à l’heure un peu triste où google sait en avance quand et où nous partirons en vacances, où la publicité personnalisée arrive en TV, où les cérémonies de remises de prix sont un peu longues et où nous sommes bombardés d’infos, la créativité est un lubrifiant qui aide beaucoup à faire passer la pilule publicitaire.

Vieillir et prendre soin de ses pieds

Le quotidien est décidément une source intarissable de pépites, la preuve lors de ma dernière visite à l’épicerie de mon quartier (plus connue sous le nom de “chez l’Indien”) :

Alors que je faisais la file, supportant péniblement les 50° dus aussi bien à l’absence de climatisation qu’à l’exiguïté de la zone permettant aux pauvres assoiffés d’attendre que celui qui le précède règle son dû (en gros, je suais en attendant de payer mon coca zéro), le père, accompagné de son fils qui était en train de payer ses 10 canettes Smarties à 0.75ct pièce (est-ce qu’elles contiennent les célèbres pastilles chocolatées, une boisson fraiche, une boisson à base de pastille chocolatées, je ne le saurai jamais) se met à négocier, un sourire en coin, à l’annonce du prix :

– 7.50 s’il vous plait

– Non 7.-

– 7.50

– Non 7

– 7.50

– (moi, intérieurement) AAAAAAH ! Je vais te prendre tes 50 centimes économisés et te les enfoncer bien profond. Ensuite j’ajouterai d’autres pièces de tailles variables, jusqu’à ce que, quand tu descendras un escalier, on aura l’impression de secouer un paquet de Smarties.

Finalement, après une négociation de haut vol, le type a payé 7.-, souri fièrement, tapé sur l’épaule de son fils, l’air de dire : “Tu vois mon fils, c’est comme ça qu’on devient un gros con.”

En sortant du magasin (enfin un peu d’air), j’ai vu une dame âgée sur sa chaise roulante électrique qui circulait sur la piste cyclable, au bord de la route. J’ai immédiatement regretté que personne n’ait inventé un casque de VR qui pourrait générer le Thug Life meme dans la vraie vie.

Une fois à la maison, j’ai pu avoir l’explication de mon colocataire sur le paquet Zalando reçu le matin-même : de quoi embellir ses pieds.

Notamment une paire de sandales/baskets sur laquelle nous allons brièvement nous arrêter.

Je crois que tout le monde s’accorde pour dire que les sandales ont certainement été inventées par quelqu’un qui avait un sens particulier du style. Ce dernière modèle semble sauver l’honneur des pieds en été, faisant presque croire qu’il s’agit de baskets tellement stylées qu’elles auraient leur place dans la collection de Yann Marguet. Eeeeet bien … pas du tout. En vrai, c’est moche comme une sandale et on dirait que ça a été conçu par l’acuité visuelle de Gilbert Montagnier et acheté par le soucis de l’élégance de Daniel Brélaz.

Mais le pire est à venir : les pantoufles crocs. Certainement un truc d’infirmière à la retraite, c’est une surprenante combinaison de deux termes qui ne font pas rêver, un peu comme Oskar Morano ou des coeurs d’artichaut fourrés aux choux de Bruxelles. C’est un peu méchant, parce que ces pantoufles sont plutôt jolies, si l’on considère que les pantoufles peuvent l’être. Au final, c’est un peu comme les chemises à manches courtes. Peu importe le modèle, c’est le concept même qui rend celui qui le porte un peu ringos.

Bref, le seul Lausannois de 24 ans qui commande des pantoufles on-line est mon colocataire. Parfois on vieillit plus vite que sa carte d’identité. On prend un chat, on commande des poêles sur Qooking parce “quand même c’est pratique et les nôtres se font vieilles.” Alors pour se rassurer, on commande un pistolet en plastique pour viser sa télé et tuer des pixels en VR (ça c’est mon colocataire) et pour se sentir jeune à nouveau on va boire 3 bières le mercredi soir et on a la gueule de bois le lendemain (ça c’est moi). Le temps qui passe est cruel.

A ce propos, ma dame fête son anniversaire aujourd’hui. L’occasion de relever sa répartie imparable, qui fera office de phrase de la semaine, lorsque, jalouse, elle a appris que j’avais mis mon chat en fond d’écran de mon portable : “Ouais mais moi j’ai des seins.”

A lundi et joyeux anniversaire à tous !

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