“Le meilleur de la pub”, c’est le titre que l’on aurait pu donner à un livre autobiographique sur mon passage d’une année en agence publicitaire. C’est aussi et surtout le prix qui récompense les meilleures créations publicitaires romandes. Il va falloir qu’on trouve un autre titre avec Pierre-Marcel Favre pour le bouquin, mais j’ai déjà quelques idées.
Donc c’était hier à Genève, dans le studio 4 de la RTS. L’occasion de constater que le décor de l’émission de Jonas Schneiter est particulièrement maltraité. Il était là, casé dans un coin à prendre la poussière comme un vulgaire meuble. C’est bien simple, on aurait dit Philippe Jeanneret (oui, il existe encore et il a même un blog sur la météo : allez-y, grosse dose de fun en perspective, surtout l’article “L’anticyclone des Açores reprend du service”).
Je dois vous avouer que je n’adore pas me rendre à ce genre de soirées, où l’on passe plus de temps à dire que l’on travaille qu’à bosser vraiment, une coupe de champagne à la main.
“Mais enfin cela réunit tes deux passions : l’alcool et les frivolités” me direz vous. Et je ne pourrais pas tellement vous contredire. Mais niveau alcool, il y avait de quoi être déçu.
Pas de champagne mais du chasselas qui était genevois et tiède, c’est dire. Il y avait tout de même un stand Mojito, qui a décidé de fermer au moment où je m’en approchais, un demi verre de blanc à la main et une grimace sur le visage (parfaite démonstration du concept de cause et conséquence). Dès lors, il était clair que même le buffet n’allait rattraper la soirée, ni même reboucher les trous faits dans mon estomac.
Surtout qu’on l’avait attendu ce verre : 45 minutes de discours et de discussions sur scène. L’occasion d’entendre la RTS et sa régie publicitaire parler innovation et nouveaux médias et de se rappeler que si l’on n’allait pas demander leur avis sur la fission nucléaire aux pingouins, c’est qu’il y a bien une raison.
Mais un scoop tout de même : Couleur 3 va changer sa grille dès la rentrée et proposer du contenu différent sur les réseaux sociaux pour les djeun’s, comme un produit d’appel vers les émissions de radio. Si c’est pour cliquer sur une vidéo de Yann Marguet et se retrouver à écouter Julien Doquin en Victor (un faux jeun qui dit weshyo), les pauvres risquent d’être aussi surpris que le gynécologue d’Amanda Lear.
Vous trouvez que c’est palpitant ? Et bien ce n’est pas tout, puisque la cérémonie nous réservait encore 45 incroyables minutes d’attente du buffet, sorte de torture qui consiste à faire griller de la viande juste à côté de 300 affamés. Une fois que les 7 beaux projets vainqueurs aient été récompensé, tout le monde s’est rué sur le buffet, comme s’il s’agissait de Nestlé qui changeait d’agence de comm’.
La suite de la soirée n’a été qu’un enchaînement de moments surprenants :
- Une discussion avec un monsieur très gentil, mais avec un air un peu flippant et timide, et une chemise à manches courtes. Pourquoi flippant, à part la chemise ? Certainement ses premières phrases, prononcées sur un ton précipité : ”Tu fais quoi, toi ? Moi je connais des gens importants dans le marketing en France.”
- Un moment délicieux avec Jean-Luc Duvoisin, qu’il faudra réitérer autour de plus de verres. Jean-Luc Duvoisin qui est beaucoup moins “connard de la pub” qu’il n’y parait. Et je ne dis pas ça parce qu’il a dit du bien de mon blog ou qu’il travaille avec Volkan Oezdemir. Vous savez le mec qui dure 28 secondes.
- La présence de Christine Caron, photographe aussi à l’aise au milieu du public rock de Polars Circles que du buffet genevois du meilleur de la pub. Christine Caron qui prouve que l’on peut réussir professionnellement tout en étant un extrêmement sympa. Christine Caron qui, brillantissime, pourrait certainement prouver plein d’autres choses, comme la théorie des cordes, si elle n’était pas occupée à faire de magnifiques photos.
Donc qu’a-t-on au meilleur de la pub ? Pas grand chose. Le lien entre médias et publicité est toujours aussi fort (La relation est-elle malsaine ? Les Valaisans sont-ils trop proches en famille ? Qui sommes-nous pour juger au fond ?) et la publicité en Romandie n’est pas morte.
Même si les pubs suisses que l’on voit à la TV ressemblent à de mauvaises blagues racontées en français fédéral par un Suisse-Allemand, le marché est très créatif pour le petit bassin de population que nous sommes. Et à l’heure un peu triste où google sait en avance quand et où nous partirons en vacances, où la publicité personnalisée arrive en TV, où les cérémonies de remises de prix sont un peu longues et où nous sommes bombardés d’infos, la créativité est un lubrifiant qui aide beaucoup à faire passer la pilule publicitaire.