Le quotidien est décidément une source intarissable de pépites, la preuve lors de ma dernière visite à l’épicerie de mon quartier (plus connue sous le nom de “chez l’Indien”) :

Alors que je faisais la file, supportant péniblement les 50° dus aussi bien à l’absence de climatisation qu’à l’exiguïté de la zone permettant aux pauvres assoiffés d’attendre que celui qui le précède règle son dû (en gros, je suais en attendant de payer mon coca zéro), le père, accompagné de son fils qui était en train de payer ses 10 canettes Smarties à 0.75ct pièce (est-ce qu’elles contiennent les célèbres pastilles chocolatées, une boisson fraiche, une boisson à base de pastille chocolatées, je ne le saurai jamais) se met à négocier, un sourire en coin, à l’annonce du prix :

– 7.50 s’il vous plait

– Non 7.-

– 7.50

– Non 7

– 7.50

– (moi, intérieurement) AAAAAAH ! Je vais te prendre tes 50 centimes économisés et te les enfoncer bien profond. Ensuite j’ajouterai d’autres pièces de tailles variables, jusqu’à ce que, quand tu descendras un escalier, on aura l’impression de secouer un paquet de Smarties.

Finalement, après une négociation de haut vol, le type a payé 7.-, souri fièrement, tapé sur l’épaule de son fils, l’air de dire : “Tu vois mon fils, c’est comme ça qu’on devient un gros con.”

En sortant du magasin (enfin un peu d’air), j’ai vu une dame âgée sur sa chaise roulante électrique qui circulait sur la piste cyclable, au bord de la route. J’ai immédiatement regretté que personne n’ait inventé un casque de VR qui pourrait générer le Thug Life meme dans la vraie vie.

Une fois à la maison, j’ai pu avoir l’explication de mon colocataire sur le paquet Zalando reçu le matin-même : de quoi embellir ses pieds.

Notamment une paire de sandales/baskets sur laquelle nous allons brièvement nous arrêter.

Je crois que tout le monde s’accorde pour dire que les sandales ont certainement été inventées par quelqu’un qui avait un sens particulier du style. Ce dernière modèle semble sauver l’honneur des pieds en été, faisant presque croire qu’il s’agit de baskets tellement stylées qu’elles auraient leur place dans la collection de Yann Marguet. Eeeeet bien … pas du tout. En vrai, c’est moche comme une sandale et on dirait que ça a été conçu par l’acuité visuelle de Gilbert Montagnier et acheté par le soucis de l’élégance de Daniel Brélaz.

Mais le pire est à venir : les pantoufles crocs. Certainement un truc d’infirmière à la retraite, c’est une surprenante combinaison de deux termes qui ne font pas rêver, un peu comme Oskar Morano ou des coeurs d’artichaut fourrés aux choux de Bruxelles. C’est un peu méchant, parce que ces pantoufles sont plutôt jolies, si l’on considère que les pantoufles peuvent l’être. Au final, c’est un peu comme les chemises à manches courtes. Peu importe le modèle, c’est le concept même qui rend celui qui le porte un peu ringos.

Bref, le seul Lausannois de 24 ans qui commande des pantoufles on-line est mon colocataire. Parfois on vieillit plus vite que sa carte d’identité. On prend un chat, on commande des poêles sur Qooking parce “quand même c’est pratique et les nôtres se font vieilles.” Alors pour se rassurer, on commande un pistolet en plastique pour viser sa télé et tuer des pixels en VR (ça c’est mon colocataire) et pour se sentir jeune à nouveau on va boire 3 bières le mercredi soir et on a la gueule de bois le lendemain (ça c’est moi). Le temps qui passe est cruel.

A ce propos, ma dame fête son anniversaire aujourd’hui. L’occasion de relever sa répartie imparable, qui fera office de phrase de la semaine, lorsque, jalouse, elle a appris que j’avais mis mon chat en fond d’écran de mon portable : “Ouais mais moi j’ai des seins.”

A lundi et joyeux anniversaire à tous !