de Benjamin Décosterd, (initialement) pour se lever à 8h20

Catégorie : Quotidien Page 14 of 21

Auto-tune, Polar Circles, Ben Harper et deux balles.

Décidément, entre les performances du Festival de la Cité et les 15 X 4 balles que le Paléo m’a dévalisés il y a quelques semaines à grands coups d’inflation injustifiée du Chasselas, les festivals de l’été et moi on commence enfin à bien s’entendre. La preuve avec Rock Oz’Arènes, samedi dernier.

Bon, il faut quand même aller jusqu’à Avenches et c’est un sacré bout de voyage. En plus de devoir remonter le temps, tu dois te taper 1h15 de train, dont les 30 premières minutes forcément près du mec qui a décidé – nom de Zeus ! – que le rap auto-tuné misogyne allait intéresser tout le wagon, parce que c’est vrai, tes écouteurs ne servent à rien, Jean-Michel Mansoundspreading (heureusement que j’avais embarqué les miens, à défaut d’avoir pris le courage de le lui dire).

L’auto-tune, qui me fait aimer encore plus Alexandre Astier :

L’auto-tune : arnaque lucrative ou laxatif buccal ? (Ça ferait un bon sujet pour Temps Présent)

Cela dit, ce n’était rien à côté de la connexion Yverdon-Payerne. Déjà, ce train passe par Cheyres, c’est vous dire si on a l’impression d’être au fond de quelque chose, entre le bac et le trou du cul du monde. Et puis, malgré le prix des billets / la ligne Lausanne-Genève / les gens bizarre qui parlent tous seuls / la propreté des toilettes, on comprend en se rapprochant d’Avenches que les CFF prennent leur mission de service public très à cœur, voire avec un peu de zèle : à part Exit, qui a vraiment besoin de se rendre à Dompierre ?

Ensuite j’ai à peine eu le temps de m’inquiéter de l’existence d’un village comme Domdidier (qui devait certainement avoir un lien de parenté avec Dompierre) et de ma présence ici que j’étais déjà arrivé à Avenches. Comme quoi, la vie tient parfois à très peu de choses (5 minutes).

Une traversée du village d’Avenches plus tard, j’étais fin prêt à aller écouter  ceux qui **voix de présentateur de combat de boxe** : “SONT JEUNES, ET ILS SONT BEAUX. TELLEMENT SÉDUISANTS QUE LÀ OÙ ILS PASSENT, LES FEMMES NE REPOUSSENT PAS. D’AILLEURS, PERSONNE NE LES REPOUSSERAIT. UN OURAGAN D’APPLAUDISSEMENTS POUR : POLAAAAAAAR CIIIIIRCLES !”. Il faut rendre à César ce qui est à César (surtout quand on va dans une arène) : je ne suis venu que pour et grâce à Polar Circles qui m’a offert une invitation.

Polar Circles qui a fait un magnifique concert. Polar Circles qui va bientôt sortir un clip tellement décoiffant que même Jean-Marc Richard n’a qu’à bien se tenir. Polar Circles qui va cartonner avec un deuxième album. Polar Circles qui inventera certainement l’antidote contre l’auto-tune, ou la faim dans le monde, un jour.

C’était ouf.

Mais une fois le concert fini, je me suis un peu senti comme ce gamin qui a ouvert LE cadeau qu’il attendait à Noël, alors qu’il lui reste encore à déballer des trucs décevants, généralement venus tous droits de la méthode du tirage au sort. Pa exemple un pull à col roulé qui pique et serre le cou, ou un presse-papier. Heureusement, j’avais croisé Severine – une ancienne camarde de cours – et ses amies qui étaient enthousiastes pour 6.

J’ai même eu le privilège de participer à des discussions de filles. En gros, c’est comme quand je parle avec mes potes, mais en pire. Mon intuition de mâle alpha qui tente de “comprendre les meufs, tsé” en lisant Femina est enfin confirmée : les femmes ne causent PAS en tests girly (Et toi, quelle salade estivale es-tu ?)

Après, on est allé voir Jain et c’était bien. Original, coloré, bienveillant et frais. Elle a fait plein de morceaux que je ne connaissais pas, mais comme ils ressemblaient beaucoup à la seule chanson que je connaissais d’elle, je n’y ai vu que du feu.

Un feu que n’a pas mis Ben Harper, lors de son passage sur scène. Au début, c’était beau et doux et puis après quatre chansons, ça part en sucette un peu trop sucrée et collante à mon goût. Ses morceaux (piano-voix et guitare-voix) ont commencé à ressembler à des déclarations d’amour de journaux intimes d’adolescentes de 14 ans. Donc, à la cinquième chanson, j’avais envie de m’endormir en me coupant les veines ou de prendre un bain en regardant 13 Reasons Why. Comme il n’y avait ni de lit, ni de baignoire, je suis allé manger une crêpe au Nutella, entre foutu pour foutu et sucré pour sucré.

Je ne sais pas si cela vient de sa dégaine de beau gosse, de son teint bronzé, de son agilité certaine au niveau des doigts et de sa capacité à faire hurler des groupies à intervalles réguliers, alors qu’il ne caressait que sa guitare. A part Guillaume Hersperger, Yannick Berthoud et Julien Doré je n’aime définitivement pas les musiciens plus beaux que moi.

Je ne suis même pas resté pour Franz Ferdinand ou le bis de Polar Circles dans le jacuzzi en backstage. La voiture de Severine a remplacé le train et la crème de la variété française des années 70-80 a fait oublier l’auto-tune de l’aller.

Donc vraiment tout bien comme soirée. Je suis d’ailleurs très emprunté au moment de conclure cet article, puisqu’il ne comporte pas vraiment d’élément narratif marquant et que je n’ai pas de chute.

Monsieur Rocco Zarenes, c’était très sympa. Merci pour l’accueil. Je note que ce serait cool que tu arrêtes d’imposer le monopole CASHLESS, ce système qui a certainement été inventé par un ancien de la Riponne pour se faire plein de fois deux balles en décrétant que la carte coûte ce prix-là, même si on la lui rapporte. Individuellement, personne n’est à ça près, mais avec 33′000 festivaliers ça commence à faire beaucoup d’argent quand même.

Comme je n’ai vraiment pas de chute (tout est vrai sur ce blog), je vous laisse avec cette review du 24 Heures des stands de nourriture du festival **soupir**. Je ne sais pas à quel degré il faut regarder cette vidéo, mais Marianne Grosjean, si tu me lis encore, sache cela surpasse largement les stories Instagram de la TDG.

“Le poisson est un peu sec et il n’y a pas assez de sauce, mais ça passe bien en entrée.” 

A demain !

Max et Lili ouvrent un blog

 

Depuis quelques jours, une question me turlupine (alors non, en effet, pas d’intro aujourd’hui : on attaque directement avec une expression complètement ringarde. Je pète le feu ce matin, entre cocaïne et poudre de perlimpinpin) :

Que deviennent Max et Lili ?

Si l’on peut aisément supposer que, de son côté, Petzi continue à bouffer des crêpes et à prendre des bateaux avec des poissons (et un max de drogues), les aventures des deux jeunes enfants étaient carrément moins monotones. D’ailleurs, pour celles et ceux qui ont adoré les BD de cet ours étant petits, n’en rouvrez jamais une. En fait, nos parents n’ont jamais osé nous le dire mais c’est une daube monumentale sans plus d’histoire qu’un club comme le PSG (on est content, on va quelque part, on est content, on devient pote avec les animaux du coin, on est content, on rentre manger des crêpes, on est content).

Ivre, il invite un poisson sur son bateau

Alors que, d’autre part, Max et Lili sont passé par tous les états. Presque pire que les habitants du quartier où se passe Plus Belle la Vie. Seul endroit de Marseille où tu peux choper une maladie vénérienne et croiser ton père caché et un alien en sortant acheter ton pain.

Je me rends compte que mes parents m’ont appris qu’il ne fallait pas suivre un inconnu dans la rue, tout en me laissant lire les aventures des deux enfants les plus flingués de l’histoire de la littérature. Après avoir volé des bonbons, Max n’a pensé qu’au zizi et Lili a été harcelée à l’école. A l’heure qu’il est, ces deux doivent être à la recherche d’un thérapeute capable de les soigner. Les 115 histoires publiées ne sont certainement que la partie visible d’un iceberg de traumatismes névrotiques inénarrables (Lili découvre l’historique de papa, Max regarde des vidéos de l’EI sur youtube, etc).

Tu m’étonnes…

Pour que l’œuvre soit complète, il faudrait que l’on puisse voir comment ils se sont construits (ou pas) en tant qu’adultes après une enfance aussi pétée. Par exemple :

– Max arrête ses études et veut devenir comédien. Pendant quelques années, il alterne entre pièces mal payées et projets gratuits pour des potes. Pour gagner en sécurité, il finit par prendre ce job alimentaire chez un assureur. Il abandonne ses rêves d’artistes pour entretenir une metteuse en scène qui l’aime tout autant que son revenu fixe. Elle finit par le tromper et partir. Dépressif, Max ne finit pas mieux que quadragénaire célibataire, conseiller en clientèle privée, avec un salaire brut de 5′234.-, un appartement triste et une bagnole grise, juste assez grands pour son léger embonpoint. Il est incapable de tomber amoureux d’une autre femme que sa sœur (un tel vécu, ça crée des liens) qui s’est éloignée de lui, parce qu’il “manque d’ambition”. L’aventure dans sa vie se limite à aller une fois par mois aux putes et à lire Michel Houellebecq. Il mourra seul et triste

– Lili finit l’école. Elle commence des études de graphisme, abandonne pour ouvrir un foodtruck, abandonne, puis reprend un bar sans gluten, abandonne, puis lance un café végane et abandonne pour ne pas faire faillite. Elle part pour un voyage initiatique au tour du monde, avec un sac à dos mais sans argent ni rasoir. Elle reviendra avec des poils sous les bras, une nouvelle mentalité (“libérée de la société de consommation”) et un mec un peu chelou qui est musicien/G.O de Club Med/producteur (on ne sait pas de quoi). Finalement, le mode de vie occidental la rattrape. Elle largue son copain, qui est en fait plus producteur de vidéos amateur que de joueur de ukulélé. Elle cherche un travail dans l’événementiel, avant de finir assistante marketing chez PMI, PLR et incapable d’aimer autre chose que son compte en banque et les sacs à main. Elle enchainera les aventures d’un soir, par peur d’avoir un enfant et qu’il vive les mêmes traumatismes qu’elle ou qu’il devienne youtubeur / influenceur. Même si elle aurait rêvé d’être connue. Elle mourra avec un chat et persuadée d’être heureuse.

A côté de ces deux, mes traumatismes juvéniles ne risquent pas de faire des best-sellers pour enfants. Entre Benjamin rentre bredouille de sa première boum, Benjamin se rend compte qu’un de ses potes est de droite et Benjamin ouvre un blog pour se lever le matin, raconter une traversée Lausanne-Evian avec la CGN et un repas à la crêperie d’Ouchy serait plus palpitant.

A lundi !

Le dimanche soir

Je sais que je ne suis pas le seul. En fin de semaine, je pense à mes homologues anxieux, névrosés et torturés. Je me demande combien sommes-nous à croire être “trop intelligents pour être heureux” et à chercher “nœud du pendu” sur le net alors que nous sommes juste une bande de losers mélancoliques sans corde ni envie de mourir. C’est rassurant de constater que de nombreuses pulsions suicidaires s’arrêtent à la première page des résultats de recherche google.

Il n’empêche, qui a inventé cette merde de dimanche soir ? Certainement les nazis ou les assureurs maladie, voire les illuminatis, l’amicale des démarcheurs par téléphones (pour des assurances maladies) ou encore le même fou qui a inventé les coins de tous les objets et les petits doigts de pieds.

Non, parce qu’un jour il faudra bien retrouver et juger ces personnes. Depuis qu’ils ont attrapé Ben Laden, c’en est à se demander ce que peuvent bien glander les employés de la CIA. A part être harcelés par des démarcheurs téléphoniques.

Je crois qu’il me serait impossible de vous faire ressentir – à travers un texte –ce que je vis chaque fin de semaine. Il faudrait écrire quelque chose de terriblement mélancolique (et interrompu chaque trois lignes par des questions existentielles). Le pire, c’est que l’on a beau remplir sa journée avec des trucs chouettes (se réveiller avec sa copine ; goûter les brunchs ratés de l’Esquisse ; boire du blanc avec des amis en admirant son filleul et même être insouciant), cela n’y fait rien. Le dimanche soir est toujours pourri.

Hier soir, j’étais donc occupé à subir mon coup de blues hebdomadaire, affalé sur mon canapé. Je cherchais un sens à ma vie, m’auto-persuadant qu’il se pouvait se cacher entre deux recherches Netflix.

(Ai-je une raison de me lever demain ?)

Mon chat courait d’un bout à l’autre de l’appartement (et accessoirement sur mes nerfs), profitant de chaque aller-retours pour fouler mes cuisses avec ses griffes.

(Qui est heureux ? Et s’ils existent, que font ces gens le dimanche soir ?)

C’était chiant. Comme une visite guidée des salines de Bex ou un discours de Guy Parmelin en français (donc ennuyeux) et comme une guitare dans les mains d’un mec en sarouel ou un discours de Guy Parmelin en allemand (donc pénible).

(Aurais-je, un jour, l’esprit tranquillisé ?)

J’étais à deux doigts d’éteindre ma télé et de me mettre à écouter FAUVE, c’est vous dire. Heureusement, une suggestion d’activité est tombée du ciel (et de ma conversation WhatsApp avec Emmanuelle) : regarder le spectacle de Sarah Silverman.

(Peut-on faire des jeux de mots en langage des signes ?)

Cela s’est avéré être une très bonne idée, puisque pendant une heure 10, j’ai presque oublié mon chat et ses griffes ; ma mélancolie tiède et moite ; les mecs en sarouel avec des guitares ; et le fait que la vie c’est pas toujours terrible.

Sarah Silverman et le reflet de mon chat dans la télévision (comment ça fait, quelqu’un qui a un strabisme mais qui louche ?)

Cette femme est très drôle et un peu folle. Donc, je l’admire. Et je dis ça même après avoir remarqué qu’elle portait des pantalons pattes d’eph’ – un vêtement souvent oublié au moment de citer les tares de l’humanité.

(Un daltonien qui s’inscrit chez les verts, il est sincère ?)

Bon je critique mais de mon côté, je faisais illusion du mieux que je pouvais sur le plan de la dignité vestimentaire. Vivant au rez-de-chaussée, avec d’encore plus grandes fenêtres sur mon intimité que ce blog, j’avais eu la politesse de garder un jean. Je n’aurais pas voulu passer pour l’exhibitionniste d’appartement et qui traumatise les enfants du quartier.

(De haut en bas, une sirène poisson-femme est-elle plus désirable qu’une sirène femme-poisson ?)

Quand j’ai eu trop chaud, je me suis dit que ces petits cons (si c’est marqué “interdiction de jouer au ballon dans la cour”, vous pouvez en déduire qu’il ne faut pas “jouer au râteau contre ma fenêtre”, bande de mini-monstres) allaient de toute manière finir chez un psy dans 40 ans, si leurs parents les délaissaient ainsi un dimanche à 23h.

(Est-ce qu’il y a des mathématiciens fous qui planchent sur l’expression “A+” ?)

Pour ma part, j’ai abandonné l’idée du psy depuis un moment. Je me dis qu’il y aura certainement – un jour ou l’autre – un thérapeute qui tombera sur ce post et qui m’enverra un e-mail pour me prévenir si je suis fou ou si, ce dimanche-là, j’avais la névrose qui dépassait du boxer.

(De quoi est-ce que je vais bien pouvoir parler demain ?)

A demain !

Page 14 of 21

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén