Je sais que je ne suis pas le seul. En fin de semaine, je pense à mes homologues anxieux, névrosés et torturés. Je me demande combien sommes-nous à croire être “trop intelligents pour être heureux” et à chercher “nœud du pendu” sur le net alors que nous sommes juste une bande de losers mélancoliques sans corde ni envie de mourir. C’est rassurant de constater que de nombreuses pulsions suicidaires s’arrêtent à la première page des résultats de recherche google.

Il n’empêche, qui a inventé cette merde de dimanche soir ? Certainement les nazis ou les assureurs maladie, voire les illuminatis, l’amicale des démarcheurs par téléphones (pour des assurances maladies) ou encore le même fou qui a inventé les coins de tous les objets et les petits doigts de pieds.

Non, parce qu’un jour il faudra bien retrouver et juger ces personnes. Depuis qu’ils ont attrapé Ben Laden, c’en est à se demander ce que peuvent bien glander les employés de la CIA. A part être harcelés par des démarcheurs téléphoniques.

Je crois qu’il me serait impossible de vous faire ressentir – à travers un texte –ce que je vis chaque fin de semaine. Il faudrait écrire quelque chose de terriblement mélancolique (et interrompu chaque trois lignes par des questions existentielles). Le pire, c’est que l’on a beau remplir sa journée avec des trucs chouettes (se réveiller avec sa copine ; goûter les brunchs ratés de l’Esquisse ; boire du blanc avec des amis en admirant son filleul et même être insouciant), cela n’y fait rien. Le dimanche soir est toujours pourri.

Hier soir, j’étais donc occupé à subir mon coup de blues hebdomadaire, affalé sur mon canapé. Je cherchais un sens à ma vie, m’auto-persuadant qu’il se pouvait se cacher entre deux recherches Netflix.

(Ai-je une raison de me lever demain ?)

Mon chat courait d’un bout à l’autre de l’appartement (et accessoirement sur mes nerfs), profitant de chaque aller-retours pour fouler mes cuisses avec ses griffes.

(Qui est heureux ? Et s’ils existent, que font ces gens le dimanche soir ?)

C’était chiant. Comme une visite guidée des salines de Bex ou un discours de Guy Parmelin en français (donc ennuyeux) et comme une guitare dans les mains d’un mec en sarouel ou un discours de Guy Parmelin en allemand (donc pénible).

(Aurais-je, un jour, l’esprit tranquillisé ?)

J’étais à deux doigts d’éteindre ma télé et de me mettre à écouter FAUVE, c’est vous dire. Heureusement, une suggestion d’activité est tombée du ciel (et de ma conversation WhatsApp avec Emmanuelle) : regarder le spectacle de Sarah Silverman.

(Peut-on faire des jeux de mots en langage des signes ?)

Cela s’est avéré être une très bonne idée, puisque pendant une heure 10, j’ai presque oublié mon chat et ses griffes ; ma mélancolie tiède et moite ; les mecs en sarouel avec des guitares ; et le fait que la vie c’est pas toujours terrible.

Sarah Silverman et le reflet de mon chat dans la télévision (comment ça fait, quelqu’un qui a un strabisme mais qui louche ?)

Cette femme est très drôle et un peu folle. Donc, je l’admire. Et je dis ça même après avoir remarqué qu’elle portait des pantalons pattes d’eph’ – un vêtement souvent oublié au moment de citer les tares de l’humanité.

(Un daltonien qui s’inscrit chez les verts, il est sincère ?)

Bon je critique mais de mon côté, je faisais illusion du mieux que je pouvais sur le plan de la dignité vestimentaire. Vivant au rez-de-chaussée, avec d’encore plus grandes fenêtres sur mon intimité que ce blog, j’avais eu la politesse de garder un jean. Je n’aurais pas voulu passer pour l’exhibitionniste d’appartement et qui traumatise les enfants du quartier.

(De haut en bas, une sirène poisson-femme est-elle plus désirable qu’une sirène femme-poisson ?)

Quand j’ai eu trop chaud, je me suis dit que ces petits cons (si c’est marqué “interdiction de jouer au ballon dans la cour”, vous pouvez en déduire qu’il ne faut pas “jouer au râteau contre ma fenêtre”, bande de mini-monstres) allaient de toute manière finir chez un psy dans 40 ans, si leurs parents les délaissaient ainsi un dimanche à 23h.

(Est-ce qu’il y a des mathématiciens fous qui planchent sur l’expression “A+” ?)

Pour ma part, j’ai abandonné l’idée du psy depuis un moment. Je me dis qu’il y aura certainement – un jour ou l’autre – un thérapeute qui tombera sur ce post et qui m’enverra un e-mail pour me prévenir si je suis fou ou si, ce dimanche-là, j’avais la névrose qui dépassait du boxer.

(De quoi est-ce que je vais bien pouvoir parler demain ?)

A demain !