de Benjamin Décosterd, (initialement) pour se lever à 8h20

Catégorie : Quotidien Page 12 of 21

Une semaine d’humour

A part ce blog, que les experts s’accordent à considérer comme hilarant (”Rien ne m’a autant fait marrer que le post de 9h20 depuis l’annonce du résultat de Jean-François Copé aux primaires des Républicains.” Gaston Humour-Absurde, inventeur du Bec Bunsen), la semaine offre de nombreuses occasions de se poiler.

Oui parce que la semaine, c’est pas toujours drôle. Et il faut bien rire (le premier qui ajoute “C’EST BON POUR LA SANTÉ” je lui en colle une) pour oublier le temps qui passe, l’été qui part et les espoirs qui filent.

Si ça se trouve tu as passé un super week-end à glander dans de l’eau chaude avec ta copine, tu as mal dormi entre dimanche et lundi, tu t’es réveillé les pieds attaqués par ton chat, tu as vu qu’il faisait gris et que tu étais en retard pour poster à 9h20. Enfin c’est si ça se trouve, et puis c’est pas moi de toute manière, c’est un pote.

Donc, quoi regarder pour se remonter le moral ?

Lundi – Thomas Wiesel sur Inter

Ceux qui suivent l’actualité avec 9 mois de retard pourront désormais changer leur phrase d’accroche pour aborder Thomas, en remplaçant Quotidien par La Bande Originale. Parce que c’est vrai que le grand public Romand va enfin avoir une raison “d’adorer La Bande Originale.” Parce que, bien sûr, Wiesel est plus Suisse que drôle et que, du coup, le voir faire le porte-drapeau à Paris ça a de quoi faire frémir les zygomatiques de notre fibre nationaliste. Sauf si on est UDC et qu’on trouve que c’est un humoriste BISOUNOURS, repris par des JOURNALOPES pour faire marrer les BOBOS.

Ambassadeur de pas grand chose d’autre que sa propre tronche, Wiesel est surtout drôle, point. La preuve :


Mardi –  Encore Inter

France Inter, c’est décidément THE place to rire et le mardi sera certainement consacré au visionnage des humoristes que vous avez manqués pendant la semaine :

Guillaume Meurice, Tanguy Pastureau, Marina Rollman, Pablo Mira, Nicole Ferroni, Thomas VDB et Alison Wheeler.

Trouvez quand même le temps de travailler un peu, surtout si vous n’aimez pas les vacances :


Mercredi – Blaise Bersinger sur Couleur 3

Comme recommandé par les ornithologues et Amy Winehouse : pour vivre longtemps, prenez deux doses d’humour absurde par semaine. C’est pour cela que Blaise Bersinger est indispensable le lundi et le mercredi. Malheureusement, les stratèges de Couleur 3 ont relégué certaines de ces chroniques au rang de podcast audio, donc il faudra un peu fouiller sur le site de la RTS pour trouver ses perles.

Un aperçu :


Jeudi – Yann Marguet et les Orties

On ne le présente plus (à part à ma mère qui ne le connaissait pas) puisqu’il fait rire tous les Romands (dont ma mère depuis que je le lui ai fait découvrir). Là où il passe les chroniques ne repoussent pas, apeurées devant ses nombreuses casquettes (et paires de chaussures) qui font office de multiples talents : il sait imiter Yannick Paratte, écrire des chroniques sexos, inventer un jeu dont vous êtes le héros et faire rire avec Kim-Jong Un :

Comme Blaise, toutes ses contributions ne sont pas filmées (merci les stratèges de Couleur 3. C’est vrai qu’on préfère voir les chroniques sexualité de Viviane Morey, aussi excitantes que de filmer une table de chevet pendant une sextape).


Vendredi – Trouver des perles

Si elles étaient faciles à trouver, les perles ne s’appelleraient pas “des perles”, mais “des bijoux faciles.” Il faut donc un peu chercher, mais il y a des trucs du genre de :

The Girl Talk : un tumblr, mais qui est aussi sur Instagram (@girltalks.project)

Le Meufisme : une série dont on attend la saison 4

Sinon, la saison 4 de Bojack Horseman vient de sortir sur Netflix.


Samedi et dimanche

Rigolez de tout (le prochain qui ajoute “mais pas avec tout le monde”, je prends sa tête pour la frapper contre celle de celui qui a dit “C’EST BON POUR LA SANTÉ »). Au théâtre, au Cinéma, au bistrot ou dans la rue quand quelqu’un se prend un poteau parce qu’il était occupé à écrire un WhatsApp au lieu de regarder où il marchait.

Sinon, le dimanche, il y a Nathanaël Rochat sur les Beaux Parleurs (c’est pas avec Slobodan Despot qu’on va se taper des barres) :

Oui, rigolez de tout, mais pas de ceux qui n’ont pas de chute pour leur article de blog. Bon, vous pouvez : c’est pas moi, c’est un pote.

A demain !

Un jour, j’écrirai un livre…

… Ou j’achèterai un bateau. Sachant que ces deux activités ne sont pas antinomiques, mais que ce n’est certainement pas l’écriture d’un livre qui permettrait d’acheter un bateau, à moins qu’il soit de taille à rentrer dans une bouteille. Je me faisais cette réflexion en prenant le train pour Morges, hier, et son salon du Livre sur les Quais.

Malgré un intérêt certain pour la chose littéraire, je me suis quand même dit que j’étais un peu fou de me pointer à Morges, seul et sans but précis. Je me voyais déjà errer entre ces vieilles choses qui finissent par prendre la poussière, malgré le savoir qu’elles renferment. Oui, au milieu de toutes ces personnes âgées venues voir des livre, j’allais me sentir seul. En fait ça allait, il y avait mêmes des trucs pour les jeunes, genre un tournoi de Ping Livres / Book Pong. Discipline hybride certainement développée pour faire lire les sportifs.

Bon, il n’y avait pas que des livres, il y avait aussi tous ceux qui les ont faits. Mais, le problème avec les auteurs qui ont écrit un bouquin, c’est précisément qu’ils ont “sorti un liiiivre”, que le prochain “parlera d’un artiste maudit qui ne vend pas (mais c’est une fiction, hein)” et que moins l’auteur semble compter dans l’histoire de la littérature, plus il prononce le “sorti un liiiivre” de manière énervante.

J’étais donc au milieu de ces auteurs et de la star du jour : Éric-Emmanuel Schmitt, que j’ai lu une fois et que je n’avais pas aimé (Si on recommençait), mais que je viens de regarder en interview et que je trouve plutôt bien.

Il y avait donc Éric-Emmanuel Schmitt, en costume de lin rouge pâle (il vend un max), un grand sourire aux lèvres (il vend un max) et l’air très heureux d’être là (il vend un max). Un contraste saisissant avec Christiane Anonyme, auteure habillée comme une bibliothécaire, une lueur de supplication dans l’œil lorsque tu la regardes avant de lever les yeux vers son écriteau et de ne pas connaitre son nom, et l’air très heureuse de bientôt pouvoir rentrer, avec ses 300 invendus de “La Nuit n’a pas d’oreilles” un ouvrage qui a le mérite d’enfoncer les portes ouvertes de la bienveillance, au travers de l’histoire d’une femme qui décide de se mettre à l’écriture à 50 ans, après le départ de ses enfants de la maison (mais ça rien à voir et puis c’est une fiction, hein).

Il y avait aussi d’autres noms connus :

  • Jean Ziegler, qui devrait demander à Éric-Emmanuel Schmitt l’adresse de son tailleur.
  • Alexandre Jollien, sur lequel je ne ferai pas de blague parce qu’il est brillant (et que les blagues sur Jollien, par écrit ça ne marche pas).
  • Jonas Schneiter, qui arrive définitivement à se faire inviter partout. En l’occurrence pour animer une croisière littéraire avec Jean-Marc Richard et Bernard Pichon (ça ne s’invente pas).
  • Et plein d’autres re-sta dont j’ai eu la chance de voir l’écriteau, alors qu’ils n’étaient pas là ( ”genre j’aurais pu faire un selfie avec le panneau Isabelle Falconnier, t’sais” )

Et, autour de ces livres et de leurs auteurs, une ambiance particulière, entre un salon littéraire et la foire aux morpions de Vufflens-sur-Perpet. Des stands de gaufres et des scènes avec des lectures conceptuelles ; La bibliothèque sonore et Jan Autos. Amélie Nothomb et Bernard Pichon, donc.

Heureusement, les arbres à dédicaces (sur lesquels on peut écrire ce que l’on veut) sont restés immaculés de tout dessin de bite, preuve que ce salon reste sérieux et qu’il faut absolument que j’évite d’écrire un livre.

Je serais trop tenté d’imiter les auteurs anonymisés par Quentin Mouron. Et donc de finir ivre mort, à parler de moi et en me faisant appeler par mes distinctions, tout en draguant tout ce qui bouge avec des propos de pilier de PMU.

**Repense à ses samedis soirs**

Oh wait…

Le monde des hommes

Hier, c’était fin d’après-midi viril pour la soirée d’ouverture du salon Man’s World. Evénement qui soulève d’épiques questions de genre : “S’il y a un salon de l’homme, cela veut dire qu’il y a une vision de l’homme. Alors qu’est-ce qu’un homme ?”

Question que l’on ne va pas aborder ici, puisque c’est beaucoup trop dangereux. Depuis une levée de commentaires Facebook suite à un article hébergé ici-même, je me méfie. Surtout si c’est pour revivre des échanges virtuels d’une agressivité et d’une intensité rares :

La violence 2.0

 

Mais, comme dirait un zoophile impatient : “revenons à nos moutons.” J’étais donc en route pour Man’s World, accompagné de la crème de la virilité romande : Jonas Schneiter (écolo autodidacte) et “vous êtes Thomas Wiesel ? J’adore Quotidien.” Thomas Wiesel qui est tellement drôle que parfois, même ses blagues rigolent à ce qu’il dit.

Tous les trois (ou les 6 couilles, c’est selon), nous étions prêts à scier du bois, sous les ailes d’un avion de chasse, tout en buvant de LA BINCH pendant qu’une voiture de sport roulerait vite à côté, alors que nous regarderions l’heure sur nos grosses montres pour voir depuis quand LA BIDOCHE est sur le grill, avant de partir en moto pour aller boire un café chez le barbier, avec nos chaussures en cuir et nos cravates, comme semblait le promettre la vidéo de présentation du salon. On était même prêts à tenter le combo : énorme pet – blague misogyne, genre “HEE s’il y a le salon de l’homme, HEEE ça veut dire qu’il y a la cuisine de la femme HEHEHE” – tapes sur les cuisses – coup de poing viril sur l’épaule.

Et bien pas du tout. Figurez-vous que nous sommes arrivés dans une halle de Beaulieu remplie de mecs avec des chemises, des grosses barbes ou des petites moustaches, et des gilets. On avait pas vu autant de bretelles depuis un film de gangster des années 50, ou que maman a arrêté de me forcer à en mettre, il y a 17 ans. Dès lors, dfficile de se fondre dans le décor, surtout quand tu te ballades avec un animateur de 6m20 (si on compte l’égo) et un humoriste qui arbore un t-shirt “I watch porn for the soundtrack”.

Après le verre de bienvenue, qui n’était pas un shot de bile de serpent de bonhomme, mais plutôt un cocktail fruité de fragile, nous sommes allés nous balader entre les stands (tous faits en bois, une matière virile puisque c’est bien connu : les hommes n’ont pas peur des échardes).

Comme nous ne voulions ni acheter d’appareil pour “charger son téléphone de manière élégante et sans câble”, ni de bateau, ni de tour en hélicoptère, encore moins de femme de ménage ou d’équipement de camping pour motard et pas non plus de simulateur de course ni de quads, nous nous sommes vite dirigés vers les tables de mini ping pong.

L’occasion d’admirer un duel Schneiter-Wiesel, qui est à Federer-Nadal ce qu’un discours de Guy Parmelin est à un discours politique : presque la même chose, mais en plus décousu et surtout en plus drôle.

Ce n’est pas que les stands n’étaient pas intéressants, mais je dois dire qu’aucun des services proposés semblaient convenir à ma condition d’homme. Je m’explique.

J’ai un rapport très conflictuel avec les tâches manuelles, surtout quand il s’agit de construire quelque chose. Par exemple, je n’ai aucun problème pour manier un aspirateur, mais dès qu’il faut monter un meuble, je suis aussi agile de mes dix doigts qu’un manchot qui aurait Parkinson :

  • J’ai failli m’électrocuter deux fois en installant la lampe du plafond de mon salon
  • Le dernier meuble télé que j’ai construit a commencé à s’affaisser sous le poids d’un montage approximatif

En revanche, j’ai été très fier d’avoir réussi à monter la commode la plus bête du monde (5 planches, deux tiroirs) en deux heures, le sourire niais et transpirant, l’air de dire à l’amie qui m’avait appelé à la rescousse : “Et ouais ma p’tite dame… C’est moi qui ai fait ça.” Donc, un service de montage de meubles ça aurait été bien.

Pareil pour les petites bêtes. Le couple est un équilibre complexe où chacun doit apprendre à accepter les différences de l’autres et où moi, je dois tuer les araignées et autres cafards. L’occasion de vous raconter mon combat épique contre un cafard de mon ancien appartement (lui même très ancien) et qui a terrorisé ma copine :

J’étais à la salle de bain, presque prêt à rejoindre mon lit et une nuit à deux, lorsqu’un cri strident s’est échappé de ma chambre : “BENJAMIIIIN VIENS !” Persuadé que le désir était trop fort pour que je finisse de me brosser les dents, j’ai répondu à cet appel de l’amour, en débarquant nu dans ma chambre en courant. C’est là que j’ai trouvé Maude, assise sur le lit, la bouche cachée derrière ses genoux repliés, qui montrait du doigt un cafard qui se baladait sur mon parquet, en me disait d’un ton autoritaire : “Enlève-moi ça de là.” Comme si c’était mon pote et comme si elle n’avait pas idée que j’avais envie d’adopter la même position qu’elle, mais encore plus loin du cafard (genre sur la table de la cuisine).

Il était évident que je me devais de réagir. J’ai donc dit : “J’arrive.” et j’ai couru à la cuisine. En passant devant la porte d’entrée de l’appartement, l’idée de partir en courant m’a effleuré l’esprit. Mais il était 23h et j’étais à poil. Je suis revenu dans la chambre armé d’un gobelet et d’une feuille de papier, ustensiles sensé compenser l’absurde de ma tenue de combat (à part faire l’amour, n’importe quelle activité pratiquée nu semble ridicule).

J’ai mis le gobelet sur le cafard, glissé la feuille sous le cafard et le gobelet, puis je me suis dirigé vers la fenêtre pour vider le gobelet en direction du balcon de mes voisins. Pendant tout ce processus, j’ai tenté de garder ma superbe, malgré les petits “yeuglglglg” que je prononçais pour me donner du courage.

Tout ça pour dire qu’un stand d’ustensiles autres que des gobelets et des feuilles (pour les cafards) ou n’importe quel journal (pour les araignées), ça aurait été bien.

Mais, comme dirait un berger qui serait parti : “revenons à nos moutons.” Après le mini ping pong, nous sommes allés aux stands bières et nourriture, dehors (si l’homme n’a pas peur des échardes, il n’a pas non plus peur du froid).

On y a croisé un autre public-cible du salon, rasé celui-ci : le jeune cadre dynamique qui vit de costumes chers et d’afterwork. Genre le Loup de la Rue de Bourg. L’occasion d’entendre : “Tu as vu la taille de mon porte-monnaie ? J’ai pas la place pour des cartes de fidélités. J’ai 12 visas.”

Jonas est parti (sûrement vexé, parce qu’il n’a que 11 visas), quelqu’un a dit à Thomas Wiesel qu’il “adorait Quotidien” et nous avons retrouvé des gens. J’ai même parlé fitness avec des filles, pendant que la plupart des mecs devaient certainement être en train de parler crème hydratante pour barbe, en choisissant un noeud papillon accordé avec leurs chaussettes. J’ai trouvé ça bien.

Parce qu’en fait, Man’s World est plus le salon des contrastes que celui des hommes. Des blagues douteuses qui côtoient des kits pour sortir bien propre des WC :

Mais aussi des chaussons moches à enfiler avant de monter pour ne pas salir ton hors-bord stylé :

Et au fond, on va rester là-dessus, puisque je n’ai pas de chute et que personne n’a voulu répondre à ma question “S’il y a un salon de l’homme, cela veut dire qu’il y a une vision de l’homme. Alors qu’est-ce qu’un homme ?” (Un type a essayé, il a commencé par me dire : “tu vois, moi j’ai un quad par exemple.” Après, je ne sais plus, j’ai décroché.)

On va rester là-dessus puisque, comme mon chat, rien n’est tout noir ni tout blanc.

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