… Ou j’achèterai un bateau. Sachant que ces deux activités ne sont pas antinomiques, mais que ce n’est certainement pas l’écriture d’un livre qui permettrait d’acheter un bateau, à moins qu’il soit de taille à rentrer dans une bouteille. Je me faisais cette réflexion en prenant le train pour Morges, hier, et son salon du Livre sur les Quais.

Malgré un intérêt certain pour la chose littéraire, je me suis quand même dit que j’étais un peu fou de me pointer à Morges, seul et sans but précis. Je me voyais déjà errer entre ces vieilles choses qui finissent par prendre la poussière, malgré le savoir qu’elles renferment. Oui, au milieu de toutes ces personnes âgées venues voir des livre, j’allais me sentir seul. En fait ça allait, il y avait mêmes des trucs pour les jeunes, genre un tournoi de Ping Livres / Book Pong. Discipline hybride certainement développée pour faire lire les sportifs.

Bon, il n’y avait pas que des livres, il y avait aussi tous ceux qui les ont faits. Mais, le problème avec les auteurs qui ont écrit un bouquin, c’est précisément qu’ils ont “sorti un liiiivre”, que le prochain “parlera d’un artiste maudit qui ne vend pas (mais c’est une fiction, hein)” et que moins l’auteur semble compter dans l’histoire de la littérature, plus il prononce le “sorti un liiiivre” de manière énervante.

J’étais donc au milieu de ces auteurs et de la star du jour : Éric-Emmanuel Schmitt, que j’ai lu une fois et que je n’avais pas aimé (Si on recommençait), mais que je viens de regarder en interview et que je trouve plutôt bien.

Il y avait donc Éric-Emmanuel Schmitt, en costume de lin rouge pâle (il vend un max), un grand sourire aux lèvres (il vend un max) et l’air très heureux d’être là (il vend un max). Un contraste saisissant avec Christiane Anonyme, auteure habillée comme une bibliothécaire, une lueur de supplication dans l’œil lorsque tu la regardes avant de lever les yeux vers son écriteau et de ne pas connaitre son nom, et l’air très heureuse de bientôt pouvoir rentrer, avec ses 300 invendus de “La Nuit n’a pas d’oreilles” un ouvrage qui a le mérite d’enfoncer les portes ouvertes de la bienveillance, au travers de l’histoire d’une femme qui décide de se mettre à l’écriture à 50 ans, après le départ de ses enfants de la maison (mais ça rien à voir et puis c’est une fiction, hein).

Il y avait aussi d’autres noms connus :

  • Jean Ziegler, qui devrait demander à Éric-Emmanuel Schmitt l’adresse de son tailleur.
  • Alexandre Jollien, sur lequel je ne ferai pas de blague parce qu’il est brillant (et que les blagues sur Jollien, par écrit ça ne marche pas).
  • Jonas Schneiter, qui arrive définitivement à se faire inviter partout. En l’occurrence pour animer une croisière littéraire avec Jean-Marc Richard et Bernard Pichon (ça ne s’invente pas).
  • Et plein d’autres re-sta dont j’ai eu la chance de voir l’écriteau, alors qu’ils n’étaient pas là ( ”genre j’aurais pu faire un selfie avec le panneau Isabelle Falconnier, t’sais” )

Et, autour de ces livres et de leurs auteurs, une ambiance particulière, entre un salon littéraire et la foire aux morpions de Vufflens-sur-Perpet. Des stands de gaufres et des scènes avec des lectures conceptuelles ; La bibliothèque sonore et Jan Autos. Amélie Nothomb et Bernard Pichon, donc.

Heureusement, les arbres à dédicaces (sur lesquels on peut écrire ce que l’on veut) sont restés immaculés de tout dessin de bite, preuve que ce salon reste sérieux et qu’il faut absolument que j’évite d’écrire un livre.

Je serais trop tenté d’imiter les auteurs anonymisés par Quentin Mouron. Et donc de finir ivre mort, à parler de moi et en me faisant appeler par mes distinctions, tout en draguant tout ce qui bouge avec des propos de pilier de PMU.

**Repense à ses samedis soirs**

Oh wait…