de Benjamin Décosterd, (initialement) pour se lever à 8h20

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Les robots sont là !

Hier soir, alors que rien ne me préparait à prendre un plus conscience que le monde était un être perdu et décapité qui marchait sur la tête (j’étais sur mon canapé à me demander si la fondue au Vacherin pouvait servir de lest pour noyer quelqu’un au fond de la Sarine), je suis tombé sur cette vidéo :

On en a beaucoup entendu parler depuis deux semaines : Sophia est la première robot(te ?) qui a obtenu un passeport. Alors que certains sans-papiers ne sont pas encore considérés comme des humains, des machines ont déjà droit à une nationalité. Ça en dit long sur notre conception du monde.

Mais cette vidéo, CETTE vidéo ! C’est la discussion de chauves la plus flippante depuis l’interview de Marie-Thérèse sans perruque par Jean-Marc Richard. D’ailleurs, au tout début, je me suis demandé lequel des deux protagonistes me faisait passer un test de Turing. Mais bon, tu te fais pas chier à développer une IA pour oublier de mettre les sourcils.

Mais que voulez-vous, la technologie avance si vite : En 2000, “Seul au monde”c’était l’histoire de Tom Hanks sur une île déserte. Aujourd’hui, c’est nous qui allons chier sans nos Smartphones. Qui sait dans combien de temps les journalistes qui ont interviewé Machine (c’est pratique les robots. Quand tu ne sais plus comment ils s’appellent, tu peux les appeler par leur nom quand même) seront remplacés par des appareils ? Tamedia, si tu nous lis…

Donc, Bidule a obtenu la nationalité saoudienne. Au moment de cette annonce, on ne lui a même pas demandé de porter un voile. Comme quoi, en matière d’égalité des sexes, il vaut mieux avoir un mental (et un vagin) d’acier. Et franchement, pour de simples raisons esthétiques on aurait pu lui demander de mettre quelque chose. Le crâne transparent, c’est stylé dans Indiana Jones, un peu moins dans la vraie vie.

Surtout que Truc-Chose est sensée ressembler à un humain. Si l’expression intelligence artificielle semblait avoir été inventée en hommage à Nabilla, le terme prend tout son sens avec cette humanoïde. Pour ce qui est du physique, “son faciès en silicone peut mimer 62 expressions humaines.” Bon, c’est un peu facile, tu prends neutre + endormi + 20 expressions que tu déclines en version crispée, gênante et “je te souris mais je vais manger ton âme” et le tour est joué.

Parce que c’est cela qui est le plus flippant, au fond. Mettez Sophia avec un autre robot, au début ça va parler connectique et wifi. Mais après 10 minutes, ils vont se rouler des pelles mécaniques en préparant un plan pour conquérir le monde. Si l’on considère à quel point les passionnés de robotique sont flippants (allez à l’EPFL, vous verrez), on peut aisément penser qu’il y en a bien un qui essaiera de créer un robot un peu malveillant. Juste pour voir.

Même le grand public voudrait savoir. En 2016, Microsoft avait développé un bot qui apprenait de ses échanges avec les internautes. En 24 heures de discussions sur Twitter, c’était devenu un beauf machiste et raciste. On peut se rassurer en se disant que les militaires restent plus rapides que les robots à ce petit jeu là, mais pour combien de temps encore ?

Ne ferait-on pas mieux de laisser les émotions humaines parler, au lieu des expressions robotiques ? JUL est-il un robot qui n’a pas eu son logiciel d’orthographe ? Qui tombera en premier amoureux de l’autre, l’Homme ou la machine ? Tant de questions encore sans réponses.

D’ici-là, n’oublions pas les petites joies de la vie. Le bruit des feuilles mortes qui tombent sur le sol ; ce sentiment, là, derrière le nombril quand on sait bien que c’est le début de quelque chose ; le “clic” d’un iPhone qui se déverrouille ou que l’on fracasse contre un mur. Parce que c’est bientôt la seule chose qu’il nous restera. L’intelligence artificielle contre la véritable sensibilité. Ce petit truc qui assemble les petits riens pour en faire un grand tout :

Parce que celui ou celle qui voudrait remplacer Edouard Baer par une machine n’a même pas encore été construit.

L’appartement aux trois mâles non-castrés n’est plus

Ce matin, je suis allé amener mon chat chez le vétérinaire pour qu’il se fasse castrer. Je l’ai laissé à la dame en Crocs (ces chaussures font autant de mal à l’image du corps médical en général que de bien aux pieds de ceux qui les portent. Parce que OUI, brisons un tabou ! C’est comme le plaid kangourou, avec ça tu as l’air d’être très con, mais tu t’en fous parce c’est aussi très confortable). Donc j’ai laissé Bojack à la vétérinaire avec le sourire satisfait de celui qui pense “sans rancune pour la tapisserie du salon, la poubelle à papier renversée et les marques de griffures. A tout à l’heure mon petit, amuse-toi bien.” Promis, un jour je serai quelqu’un de bien si je ne me fais pas assassiner par un antispéciste d’ici-là.

Ainsi, mon appartement ne sera plus ce royaume de la testostérone où ça sent le mâle marqueur de territoire qui pisse sur la PS4. Enfin, il reste mon colocataire et moi, qui marquons notre territoire à grands coups de poils dans l’évier et de vaisselle pas sortie de la machine, mais nous n’avons jamais poussé l’ivresse jusqu’à uriner sur la console du salon.

J’ai bien senti qu’avec toutes ces histoires de harcèlement, les questions que cela soulève sur la virilité et la domination masculine, il était temps de castrer mon #Matoo (et accessoirement de ne plus jamais tenter de jeux de mots).

Et puis, en l’amenant un lundi matin chez le vétérinaire, j’ai appris une grande leçon de vie à mon chat : le lundi est souvent une de ces journées nulles, où la vie ressemble à un post Instagram d’Alain Berset. Tu sais que quelque chose cloche, tu aimerais pouvoir faire quelque chose là contre, mais tu as la flemme de réagir vraiment.

#KeryJames #UtiliserLesMotsThugEtHoodQuandOnEstConseillerFédéral #FumerUnJointAvecSonChargéDeComm’ #StartedFromFribourgNowWe’ReInPalaisFédéral

  

Mais que se passe-t-il ?! Alain Berset semble de plus en plus désorienté, déjà qu’il avait confondu la droite avec la gauche sur la question de la caisse unique. Là on en arrive au selfie vitrine, qui n’est que la version SDF du selfie salle de bain. Ajoutez à cela la tenue et les hashtags de rappeur… Dans 6 mois il nous sort un feat. avec Maître Gims.

Ce côté sombre contrebalance avec une autre photo, postée quelques jours plus tôt :

Oui, j’ai liké. Mais que voulez-vous, se retrouver dans les mêmes pissoirs ça créé des liens.

Une photo, dont le commentaire de la RTS nous rappelle que le community management n’est pas un métier facile. Avant “NoBillag”, entre neutralité journalistique et attitude “fun” sur les réseaux sociaux, je ne suis pas sûr que confier le compte Instagram du service public à un enfant de 6 ans soit la meilleures des idées, mais enfin.

Alors d’accord, les chats sont mignons (même sans couilles) et plutôt malins : comme les blogueurs à la bourre pour finir leur article avec une conclusion potable, ils trouvent toujours un moyen de retomber sur leur pattes.

NousToos

Du wifi par intermittence pendant 4 jours ce week-end et qu’est-ce que j’apprends ?! Jean Rochefort est décédé ! Décidément, on ne me dit rien à moi : j’ai même raté l’enterrement de Charles Aznavour, c’est vous dire.

Mardi, de retour de plein pied dans la vie active et connectée, je me suis aussi retrouvé complètement largué face au trending topic du #MeToo. Sorte d’immersion glauque sur la pointe de l’iceberg du quotidien des femmes en 2017. Des femmes qui restent confrontées au harcèlement sexuel des hommes. Même mes connaissances sont et ont été concernées, malgré le privilège de leur statut de filles helvético-bobo-classemoyenno “libérées” en 2017 (les guillemets resteront tant que l’égalité sera aussi relative qu’apparente). La démarche est difficile, douloureuse et mérite d’être saluée. Nous trouvant du côté dominant du pénis, il était temps que nous ayons une idée de l’ampleur du phénomène. Même si la forme crue doit remuer nos slips remplis de certitudes : il y a pire, comme par exemple se faire harceler.

Même sans aller jusqu’aux cas les plus dramatiques, on peut trouver des exemples que nos proches nous ont toutes cités au moins une fois. Se faire siffler dans la rue, mettre un pantalon au lieu d’une jupe pour éviter des remarques, faire semblant de téléphoner pour ne pas donner l’impression de rentrer seule… il est impossible de se rendre compte de l’impact de ces contraintes qui – mises ensembles – deviennent aussi pesantes que le relou qui confond “Bonjour, enchanté : Jean-Claude Groscon” avec “J’adore vos fesses”.

Et arrêtons de penser que c’est bien de se faire draguer, surtout si c’est par des mecs. Les sexes masculins peuvent être vils, manipulateurs et affamés. Je dis ça en connaissance de cause : j’en ai un.

De toute façon, LA QUESTION VA PLUS LOIN QUE LE CAS PAR CAS comme disait Coline de Senarclens hier dans Infrarouge, entre deux blagues nulles de Marc Bonnant. Et elle a raison.

– Du temps des cavernes, la femme restait à la grotte pour s’occuper de tout.
– Oui, laissez la parole aux autres M. Bonnant.
– Ensuite, elle taillait le silex du guerrier. Héhéhé…

Nous vivons dans un monde où l’humain peut dépenser son énergie pour inventer des coussins-bonnets (puis son argent pour les acheter), sans prendre le temps de régler véritablement la question de l’égalité des sexes.

Oui, cet objet existe vraiment.

  

Le traitement vertical de la question dans les pays développés (égalité plus ou moins acquise sur les plans légaux et juridiques, prévention, sensibilisation) commence à montrer ses limites et il serait grand temps de comprendre que le meilleur moyen de progresser vers l’égalité des sexes n’est justement pas de se focaliser QUE sur l’égalité des sexes. Même Marc Bonnant trouvait (toujours entre deux blagues nulles) que les femmes ne devaient pas se faire harceler, c’est dire si le message est passé.

– On va écouter l’avis de…
– La plus grande frustrations des dames est celle de ne pas avoir de pénis.
– S’il vous plaît M. Bonnant
– Surtout le mien. Héhéhé…
– Allez, il est l’heure d’aller se coucher et de rentrer au XVIIIe siècle M. Bonnant.

Cela ne veut pas dire qu’il faut arrêter de faire de la prévention. Mais j’ose espérer que nous soyons d’accord (et dotés d’un peu de cerveau et de bon sens) dans les grandes lignes : le comportement de Weinstein, et de tous ceux qui harcèlent des femmes, n’est pas acceptable.

Ce serait donc bien de passer à l’étape suivante, parce que là où l’on peut véritablement progresser c’est dans la gestion transversale de l’égalité des sexes : comment l’éducation, la santé, l’économie, l’aménagement urbain, la gestion des transports en commun, le sport, la culture (et tout un tas d’autres domaines) peuvent nous faire aller vers un mieux ?

Répéter 200X à un petit garçon qu’il ne faut pas embêter les filles n’aura que peut d’intérêt si celui-ci découvre qu’on s’y frotte dans le bus sans être inquiété et qu’elles ont toujours le rôle de la nunuche attachiante qui se fait fouetter par le riche milliardaire dans des bouquins pas excitants pour deux sous, ni 50 Nuances de Grey.

Le congé paternité / parental est un bon exemple. Grâce à une mesure simple, on peut limiter la discrimination à l’embauche (faudra-t-il en arriver à demander : “vous avez prévu de devenir papa” pour se rendre compte de l’absurdité de la question ?) et surtout on évite de faire en sorte que seule la femme arrête de travailler, au moment où tout le quotidien du couple est bousculé. Mais visiblement les politiciens n’y voient qu’un enjeu économique. C’est l’histoire du con(seil fédéral) qui dit non. Parce que c’est trop cher…
**Lève les yeux au ciel. Aperçoit que le CF va soutenir les J.O de Sion. Soupire. Préfère regarder le sol.**

Mais revenons au MeToo. Alors que l’on commence à s’arrêter sur la forme du # et le brassage de Gigabit qu’il suscite, il faut faire l’effort de mettre de côté les aspects énervants des buzz. On dit qu’on essaie de s’en rappeler dans une semaine ? Ce qui pourrait n’être qu’un feu de paille virtuel, ferait bien se transformer en brasier auquel nous devons tous être vigilants. Si l’on s’y prend bien, on pourra tous se réchauffer au coin du feu une fois qu’il sera maîtrisé (Tu vois Harvey, on n’est pas obligé de violer pour avoir chaud).

Il n’y a pas de elles “qui l’ont bien mérité”, ni de eux qui sont “tous des porcs sans exceptions”. Il n’y a que #NousToos qui devons apprendre à mieux vivre ensemble.

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