Hier soir, alors que rien ne me préparait à prendre un plus conscience que le monde était un être perdu et décapité qui marchait sur la tête (j’étais sur mon canapé à me demander si la fondue au Vacherin pouvait servir de lest pour noyer quelqu’un au fond de la Sarine), je suis tombé sur cette vidéo :

On en a beaucoup entendu parler depuis deux semaines : Sophia est la première robot(te ?) qui a obtenu un passeport. Alors que certains sans-papiers ne sont pas encore considérés comme des humains, des machines ont déjà droit à une nationalité. Ça en dit long sur notre conception du monde.

Mais cette vidéo, CETTE vidéo ! C’est la discussion de chauves la plus flippante depuis l’interview de Marie-Thérèse sans perruque par Jean-Marc Richard. D’ailleurs, au tout début, je me suis demandé lequel des deux protagonistes me faisait passer un test de Turing. Mais bon, tu te fais pas chier à développer une IA pour oublier de mettre les sourcils.

Mais que voulez-vous, la technologie avance si vite : En 2000, “Seul au monde”c’était l’histoire de Tom Hanks sur une île déserte. Aujourd’hui, c’est nous qui allons chier sans nos Smartphones. Qui sait dans combien de temps les journalistes qui ont interviewé Machine (c’est pratique les robots. Quand tu ne sais plus comment ils s’appellent, tu peux les appeler par leur nom quand même) seront remplacés par des appareils ? Tamedia, si tu nous lis…

Donc, Bidule a obtenu la nationalité saoudienne. Au moment de cette annonce, on ne lui a même pas demandé de porter un voile. Comme quoi, en matière d’égalité des sexes, il vaut mieux avoir un mental (et un vagin) d’acier. Et franchement, pour de simples raisons esthétiques on aurait pu lui demander de mettre quelque chose. Le crâne transparent, c’est stylé dans Indiana Jones, un peu moins dans la vraie vie.

Surtout que Truc-Chose est sensée ressembler à un humain. Si l’expression intelligence artificielle semblait avoir été inventée en hommage à Nabilla, le terme prend tout son sens avec cette humanoïde. Pour ce qui est du physique, “son faciès en silicone peut mimer 62 expressions humaines.” Bon, c’est un peu facile, tu prends neutre + endormi + 20 expressions que tu déclines en version crispée, gênante et “je te souris mais je vais manger ton âme” et le tour est joué.

Parce que c’est cela qui est le plus flippant, au fond. Mettez Sophia avec un autre robot, au début ça va parler connectique et wifi. Mais après 10 minutes, ils vont se rouler des pelles mécaniques en préparant un plan pour conquérir le monde. Si l’on considère à quel point les passionnés de robotique sont flippants (allez à l’EPFL, vous verrez), on peut aisément penser qu’il y en a bien un qui essaiera de créer un robot un peu malveillant. Juste pour voir.

Même le grand public voudrait savoir. En 2016, Microsoft avait développé un bot qui apprenait de ses échanges avec les internautes. En 24 heures de discussions sur Twitter, c’était devenu un beauf machiste et raciste. On peut se rassurer en se disant que les militaires restent plus rapides que les robots à ce petit jeu là, mais pour combien de temps encore ?

Ne ferait-on pas mieux de laisser les émotions humaines parler, au lieu des expressions robotiques ? JUL est-il un robot qui n’a pas eu son logiciel d’orthographe ? Qui tombera en premier amoureux de l’autre, l’Homme ou la machine ? Tant de questions encore sans réponses.

D’ici-là, n’oublions pas les petites joies de la vie. Le bruit des feuilles mortes qui tombent sur le sol ; ce sentiment, là, derrière le nombril quand on sait bien que c’est le début de quelque chose ; le “clic” d’un iPhone qui se déverrouille ou que l’on fracasse contre un mur. Parce que c’est bientôt la seule chose qu’il nous restera. L’intelligence artificielle contre la véritable sensibilité. Ce petit truc qui assemble les petits riens pour en faire un grand tout :

Parce que celui ou celle qui voudrait remplacer Edouard Baer par une machine n’a même pas encore été construit.