Oui, ces lignes ont été rédigées en toute modestie par “le blogueur le plus branché de la ville”, comme vous l’apprenait hier (moi j’étais déjà au courant) l’excellent Thomas Lecuyer dans Lausanne-Cités.
Même si mon ego – encore plus crémé que le dos d’un touriste allemand dans un all inclusive d’Antalya – a adoré, je me dois de vous montrer l’envers du décor de la vie de celui qui “dégomme l’univers fermé des bobos lausannois à la manière d’un Frédéric Beigbeder ou d’un Nicolas Bedos, en plus sobre et moins chargé” (oui, je bande). Et oui, c’est un peu opportuniste de me remettre à écrire maintenant, mais il faut bien réagir, avant que l’article en question ne finisse dans une cheminée ou un container à papier.
Donc ce n’est pas tout à fait comme cela que je définirai mon quotidien. Par exemple, l’écriture de cet article a été entrecoupée par la réception de 53 mails professionnels. Alors que tout le monde sait que les gens branchés reçoivent des trucs bien plus stylés comme de la drogue, des invitations à des soirées mondaines et, par la suite, des MST.
Et puis, les gens branchés n’ont pas ceci. Oui mesdames et messieurs, parlons un peu de la plus grande invention de l’Histoire depuis les clips pour sachets :
La litière automatique ! Vous devez être entrain de vous foutre moi, estimant que cet objet (200.- tout de même) est inutile. Vous trouvez ça gadget et pourtant vous savez que David Payot et Pierre-Antoine Hildebrand sont municipaux à Lausanne. S’il vous plaît un peu de cohérence… D’autant plus qu’ils coûtent bien plus que 200.-
Bon, nous sommes d’accord, cette vidéo n’a pas l’ombre d’un intérêt (à part la mienne que l’on devine dans le sable), et je vous dois 55 secondes de votre vie. Mais si l’humanité a pu créer ça ET un truc en plastique qui ne ferme rien du tout, je me dis qu’il y a de bons espoirs que nous réglions une bonne foi pour toutes la question de la pauvreté sur terre.
Non, vraiment pas grand chose de branché ces jours. Comme tout le monde, je me retrouve, de manière inexpliquée, à être fasciné par les interviews minimalistes des nouveaux médias sur les réseaux sociaux. L’autre jour, c’était une vidéo sous forme de “ni oui, ni non”. Vous qui êtes fâché pour la vidéo du caca de Bojack qui va tout seul dans le bac de ma caisse, dites-vous que j’ai passé 2 minutes devant cette chose hybride. A quand le “action ou vérité” de Pierre Maudet pour la Tribune de Genève* ?
Encore pire, encore un autre jour que le premier autre jour. J’étais occupé à travailler dans un endroit plutôt sécurisé contre les ringardises (le Pointu, 7 sur 10 sur l’échelle du Spritz et de la hype). Sans que je n’aie rien demandé, mes voisins de table se sont mis à évoquer leur consommation de thé, dans un dialogue qui n’aurait rien à envier au heures de gloire du cinéma suisse :
– Ah, mais qu’est-ce que je bois comme thé au collège moi ! (Avale une gorgée de son chaï “TripleLatte-DoubleFace-SaltoArrière”)
– Fais attention, tu risques d’uriner tellement que cela va diluer les bons éléments dans ton sang. Tu devrais boire aussi du café.
Outre la faible probabilité que quelqu’un d’autre qu’une grand-mère ne donne une fois ce conseil, il faut relever qu’il ne peut s’agir que d’enseignants, puisqu’il était 14h30 un mardi.
Non, actuellement mes préoccupations sont les suivantes. Préparez-vous, ça décoiffe :
- Me stresser professionnellement pour pouvoir aller me détendre en vacances dès le 9 décembre.
- Récupérer mon scooter que j’ai dû abandonner loin de chez moi (depuis que mon garagiste m’a dit “sortez-le pas quand il pleut”, je me méfie. Encore plus sous la neige).
- Trouver l’énergie d’aller acheter un plan de travail mural et une petite table pour ma cuisine (dans ce genre-là, si vous avez des plans).
Décidément, personne n’est à l’abri de la médiocrité. Peut-être parce que nous sommes tous un peu nuls, au fond. Derrière les intitulés de nos jobs, sous nos fringues et sans la possibilité de consommer, nous sommes tous des glandeurs aussi nus que névrosés. Et je n’ai jamais vu quelqu’un que de nu déprimé, mais ça doit être ridicule. Même si l’on ravit des milliers de gens sur une scène, ou 5 sur un blog, derrière les rideaux et les écrans, la vie est tristement normale. Bon, pour certains, c’est plus triste (quand tu as une litière automatique dans ton appartement ou que tu es Yannick Buttet dans un jardin) que pour d’autres.
Mais rassurez-vous le fun arrive. Demain, la bourse aux armes commence à Beaulieu et je crois que je vais pouvoir vous en parler la semaine prochaine sur ce blog.
* Merci à Marianne Grosjean de me commissionner sur sa future augmentation pour cette idée géniale.