Du wifi par intermittence pendant 4 jours ce week-end et qu’est-ce que j’apprends ?! Jean Rochefort est décédé ! Décidément, on ne me dit rien à moi : j’ai même raté l’enterrement de Charles Aznavour, c’est vous dire.

Mardi, de retour de plein pied dans la vie active et connectée, je me suis aussi retrouvé complètement largué face au trending topic du #MeToo. Sorte d’immersion glauque sur la pointe de l’iceberg du quotidien des femmes en 2017. Des femmes qui restent confrontées au harcèlement sexuel des hommes. Même mes connaissances sont et ont été concernées, malgré le privilège de leur statut de filles helvético-bobo-classemoyenno “libérées” en 2017 (les guillemets resteront tant que l’égalité sera aussi relative qu’apparente). La démarche est difficile, douloureuse et mérite d’être saluée. Nous trouvant du côté dominant du pénis, il était temps que nous ayons une idée de l’ampleur du phénomène. Même si la forme crue doit remuer nos slips remplis de certitudes : il y a pire, comme par exemple se faire harceler.

Même sans aller jusqu’aux cas les plus dramatiques, on peut trouver des exemples que nos proches nous ont toutes cités au moins une fois. Se faire siffler dans la rue, mettre un pantalon au lieu d’une jupe pour éviter des remarques, faire semblant de téléphoner pour ne pas donner l’impression de rentrer seule… il est impossible de se rendre compte de l’impact de ces contraintes qui – mises ensembles – deviennent aussi pesantes que le relou qui confond “Bonjour, enchanté : Jean-Claude Groscon” avec “J’adore vos fesses”.

Et arrêtons de penser que c’est bien de se faire draguer, surtout si c’est par des mecs. Les sexes masculins peuvent être vils, manipulateurs et affamés. Je dis ça en connaissance de cause : j’en ai un.

De toute façon, LA QUESTION VA PLUS LOIN QUE LE CAS PAR CAS comme disait Coline de Senarclens hier dans Infrarouge, entre deux blagues nulles de Marc Bonnant. Et elle a raison.

– Du temps des cavernes, la femme restait à la grotte pour s’occuper de tout.
– Oui, laissez la parole aux autres M. Bonnant.
– Ensuite, elle taillait le silex du guerrier. Héhéhé…

Nous vivons dans un monde où l’humain peut dépenser son énergie pour inventer des coussins-bonnets (puis son argent pour les acheter), sans prendre le temps de régler véritablement la question de l’égalité des sexes.

Oui, cet objet existe vraiment.

  

Le traitement vertical de la question dans les pays développés (égalité plus ou moins acquise sur les plans légaux et juridiques, prévention, sensibilisation) commence à montrer ses limites et il serait grand temps de comprendre que le meilleur moyen de progresser vers l’égalité des sexes n’est justement pas de se focaliser QUE sur l’égalité des sexes. Même Marc Bonnant trouvait (toujours entre deux blagues nulles) que les femmes ne devaient pas se faire harceler, c’est dire si le message est passé.

– On va écouter l’avis de…
– La plus grande frustrations des dames est celle de ne pas avoir de pénis.
– S’il vous plaît M. Bonnant
– Surtout le mien. Héhéhé…
– Allez, il est l’heure d’aller se coucher et de rentrer au XVIIIe siècle M. Bonnant.

Cela ne veut pas dire qu’il faut arrêter de faire de la prévention. Mais j’ose espérer que nous soyons d’accord (et dotés d’un peu de cerveau et de bon sens) dans les grandes lignes : le comportement de Weinstein, et de tous ceux qui harcèlent des femmes, n’est pas acceptable.

Ce serait donc bien de passer à l’étape suivante, parce que là où l’on peut véritablement progresser c’est dans la gestion transversale de l’égalité des sexes : comment l’éducation, la santé, l’économie, l’aménagement urbain, la gestion des transports en commun, le sport, la culture (et tout un tas d’autres domaines) peuvent nous faire aller vers un mieux ?

Répéter 200X à un petit garçon qu’il ne faut pas embêter les filles n’aura que peut d’intérêt si celui-ci découvre qu’on s’y frotte dans le bus sans être inquiété et qu’elles ont toujours le rôle de la nunuche attachiante qui se fait fouetter par le riche milliardaire dans des bouquins pas excitants pour deux sous, ni 50 Nuances de Grey.

Le congé paternité / parental est un bon exemple. Grâce à une mesure simple, on peut limiter la discrimination à l’embauche (faudra-t-il en arriver à demander : “vous avez prévu de devenir papa” pour se rendre compte de l’absurdité de la question ?) et surtout on évite de faire en sorte que seule la femme arrête de travailler, au moment où tout le quotidien du couple est bousculé. Mais visiblement les politiciens n’y voient qu’un enjeu économique. C’est l’histoire du con(seil fédéral) qui dit non. Parce que c’est trop cher…
**Lève les yeux au ciel. Aperçoit que le CF va soutenir les J.O de Sion. Soupire. Préfère regarder le sol.**

Mais revenons au MeToo. Alors que l’on commence à s’arrêter sur la forme du # et le brassage de Gigabit qu’il suscite, il faut faire l’effort de mettre de côté les aspects énervants des buzz. On dit qu’on essaie de s’en rappeler dans une semaine ? Ce qui pourrait n’être qu’un feu de paille virtuel, ferait bien se transformer en brasier auquel nous devons tous être vigilants. Si l’on s’y prend bien, on pourra tous se réchauffer au coin du feu une fois qu’il sera maîtrisé (Tu vois Harvey, on n’est pas obligé de violer pour avoir chaud).

Il n’y a pas de elles “qui l’ont bien mérité”, ni de eux qui sont “tous des porcs sans exceptions”. Il n’y a que #NousToos qui devons apprendre à mieux vivre ensemble.