Moi qui pensais – en devenant indépendant – gagner ma guerre contre le réveil, je me suis trompé. Depuis deux semaines, je bosse pas mal et chaque matin, j’ai un truc le matin.

La gloire (”oui, c’est moi qui ai écrit l’article sur la soirée de Fred Valet”) ou l’argent, il faut choisir. Et comme je ne peux pas payer mon assurance maladie avec des posts de blog, le choix est vite fait. Dans ce contexte, difficile donc d’écrire. Je ne voudrais pas que vous soyez obligés de vous taper quelque chose d’attendu à défaut de mieux. Pour ça, il y a les discussion de salons de coiffure, Bertrand Piccard et les titres de vidéos de youtubeurs. On ne peut pas être bon tous les jours (je le constate chaque matin), et il faut l’accepter.

Même ce matin, je me suis levé encore plus tôt que d’habitude. Alors que j’avais pris forme humaine bu mon café, je me suis dirigé vers l’épicerie de mon quartier (vous sentez comme cette histoire va être passionnante, non ? Ça tombe bien, moi non plus). J’allais payer mon petit-déjeuner (clopes et coca zéro) pour la modique somme de 9,50.- et un début de cancer. Anticipant que “la carte c’est à partir de 10 francs”, j’ai dit au caissier qu’il pouvait “faire sur 10″, phrase qui – sortie de son contexte – n’a pas plus de sens qu’un 69 en apesanteur.

Visiblement inquiet que mon geste fasse exploser sa comptabilité, il a décidé d’ajouter à mes achats detox un de ces bonbons acides à 50 centimes pièces. N’ayant absolument pas envie de me ruiner la santé avec du sucre (team coca zéro <3), je lui ai dit que c’était bon. Il m’a regardé.

Je l’ai regardé.

Il m’a regardé.

Je me suis dit que nous n’étions pas dans un épisode de Bref, mais je l’ai regardé quand même.

Sans me quitter des yeux ni rien dire, il a pris le petit bonbon et l’a déposé sur mes achats. J’avais perdu. Une battle de regard vaut bien plus qu’un pourboire, cela dit.

L’objet de la discorde

  

En sortant du magasin, je me suis demandé de ce que j’allais foutre de ce bonbon. Je me suis dit que le meilleur geste serait de le donner à quelqu’un qui en aurait vraiment envie ou besoin. J’ai repensé à ma grand-mère qui allait donner les biscuits qu’elle recevait à Noël aux mendiants de son quartier, parce qu’elle n’arrivait jamais à les finir. Moi aussi, je voulais être quelqu’un de bien, déjà qu’on me refuse mes pourboires… Donc, après réflexion, j’en suis arrivé à la conclusion que celui qui serait encore le plus content de recevoir un bonbon, ce serait un enfant…

J’ai eu un flash, me voyant de l’extérieur, aller vers un gamin sur le chemin de l’école et de son avenir insouciant, pour lui demander s’il voulait de cette sucrerie qu’on m’avait donnée et que je n’allais pas manger. Même en étant sûr de mes bonnes intentions (et du fait qu’à 8h du matin, je ne pourrais même pas faire de mal à une mouche), j’ai trouvé cette image extrêmement glauque et effrayante.

D’ailleurs plus j’écris cet article, plus j’ai l’impression de passer pour un type complètement malade, donc abrégeons… Sachant que personne ne me prendrait pour un dragueur de poubelles, j’ai jeté ce truc. La prochaine fois, je je prendrai de la monnaie.