Chers amis, nous voilà de retour dans des conditions descentes. Alors qu’hier, j’ai dû lutter contre le correfleur auto mastic de mon iPad, j’ai aujourd’hui un ordinateur pour écrire.

Ne vous réjouissez pas trop vite, il ne s’agit pas du mien qui irait mieux. Il est dans la ferme magique où les ordinateurs jouent dans les prairies, tous ensemble (même PC et Mac) et sont heureux. Dans “5 à 7 jours ouvrables” je saurai ce que va me coûter sa réparation. Mais je sens que si quelqu’un cherche un rein, il peut déjà me faire signe.

Bon, qu’est-ce qu’on a ce matin ? L’actu est franchement déprimante, alors parlons sport : avec Stan Wawrinka et Timea Bacsinszky, on pourrait croire que l’on va cartonner au Scrabble, mais c’est bien au tennis que ces deux sont très forts. Et on peut dire qu’ils ont quelques points communs.

Stanislas Wawrinka et Timea Bacsinszky, comme les serial killers, auraient pu être n’importe qui. Votre voisine ou votre épicier, votre mère ou votre chat, pourquoi pas ? Oui, ces deux ont tout des gens réels, concrets, qu’on peut encore croiser en allant acheter un livre chez Payot ou en prenant une cuite au XIII (je vous laisse deviner qui fait quoi).

Ils ne sont pas les meilleurs au classement, ne gagnent pas toujours et ont parfois le mental fragile, même si depuis le début de la quinzaine, ils semblent aussi inarrêtables que des hand spin… MAIS POURQUOI EST-CE QUE TOUT LE MONDE NE PARLE QUE DE ÇA ? ET POURQUOI EN RAJOUTERAIS-JE UNE COUCHE !? BENJAMIN, STOP !

Leur réussite, plus tardive que celle de Federer (qui remporte Wimbledon à 22 ans… Age auquel on est plus susceptible de gagner une chlamydia. Enfin, je dis ça mais c’est un pote qui l’a eue) et dans l’adversité a contribué à les rendre plus humains. Timea a perdu une fois en demi-finale de Roland Garros, en 2015. C’était face à Serena Williams et c’était très rageant. (”A ça Monsieur ! Mais à ça !” **Geste de deux doigts très rapprochés, comme si on pinçait un téton, ou du sel**). Le genre de match qui forge un parcours et qui risque bien de devenir un lointain souvenir, une fois que la Lausannoise aura gagné un tournoi majeur. On sent bien qu’elle n’est pas loin de basculer dans une autre dimension et de franchir un cap. Comme pour Stan et sa double confrontation contre Djokovic en Australie : une défaite épique en 2013, puis une victoire héroïque un an plus tard). On se réjouit que cela arrive.

Parce que ceux qui ont galéré pour y arriver sont souvent les plus attachants : Peut-être pas les plus doués de leur génération, ils en veulent plus que les autres. Et ils savent que cela paie. Au moment où Stan a soulevé le Trophée des Mousquetaires à Paris pour la première fois, on pouvait voir toutes les émotions possibles dans son regard, sauf une : la surprise. Oui, il savait que ce deuxième titre du Grand-Chelem était mérité. Il sait aussi que le talent ne remplace ni l’acharnement, ni la sueur et que l’efficacité est parfois plus belle que l’esthétisme.

Les titres et la gloire ne sont pas une finalité, seuls comptent le chemin et le travail effectués. Il suffit de regarder le bras de Wawrinka : Ever tried. Ever failed. No matter. Try again. Fail again. Fail better. (C’est du Beckett, c’est vous dire s’il a du goût.)

Oui, Wawrinka et Timea, c’est la Suisse qui travaille dans l’ombre, longtemps et patiemment en attendant que cela paie. C’est le monsieur triste qui supporte encore son boulot de caissier, c’est la dame parfois ronchonne qui nettoie vos rues, c’est moi quand je n’ai pas le moral, c’est vous quand vous allez bien. C’est un peu tout le monde. Voilà pourquoi, si tout se passe bien d’ici à dimanche, tout le monde risque d’être content.