de Benjamin Décosterd, (initialement) pour se lever à 8h20

Catégorie : Actu Page 14 of 18

Rebonjour, je viens en paix

(Parce que vous pensiez vraiment que j’allais poster à 9h20 un samedi ?! (lol))

Bon, alors, ça fait longtemps, hein. Et vous n’avez rien remarqué ? Oui j’ai fait quelques rajouts à ce blog (et j’ai pris du poids, mais  on ne va pas s’attarder sur le sujet). Nous voilà donc sur lepostde9h20.ch, nouveau site qui nous permet de ne plus nous demander comment on prononce « Tumblr », subtile contraction du mot « pouce » et d’une quinte de toux d’un asthmatique de gauche s’étouffant devant un statut Facebook de Fernand Melgar.
Oh que ce serait facile d’embrayer là-dessus, pour un article de rentrée un peu polémique, avec « une plume piquante qui taquine l’actualité », comme le disait la presse, avant qu’elle ne se transforme en nature morte.

Ce serait facile, mais je ne céderai pas. Parce que je ne suis pas légitime sur le sujet : certes j’habite dans le quartier (à Vinet, ok, c’est pas exactement le Maupas, mais visiblement on n’est pas à quelques kilomètres près) mais surtout je n’ai pas d’enfants pour lesquels je peux m’inquiéter.

Donc on ne parlera pas de Fernand Melgar. J’espère juste que sa fille ne tombera pas dans la coke pour oublier que son père va tomber dans le PDC.

On n’abordera pas non plus les voyages en Russie de Pascal Broulis. Déjà que l’on était pas passionnés par son lieu de résidence, alors les tickets de caisse de ses vacances…

Pareil pour Pierre Maudet. Ah quand tu vois la fine équipe, tu es en droit de dire « je partirais pas en vacances avec ».  Normalement, c’est parce que tu ne vas pas supporter les gens. Mais là, c’est parce que tu dois allonger le fric (et ça coûte plutôt cher). Maudet, c’est comme les gosses d’Isabelle Moret, il vaut mieux l’avoir en photo qu’en pension (alimentaire). Si, avec les Genevois il faut dire quatre-vingt, avec Maudet il faut payer quatre-vingt mille.
Et, à la fin, il reverse l’équivalent de ton cadeau à une association, au lieu de t’acheter une bouteille pour te remercier.

Donc je ne parlerai d’aucune polémique du mois de juin. Pas même les aigles et les binationaux de l’équipe de Suisse de football. Depuis le début de la Coupe du Monde, le milieu récupérateur le plus prolifique est le monde politique suisse.
Pour ma part, je n’ai jamais marqué lors d’un match de Coupe du Monde, alors je préfère me la fermer. Cela dit, les attaquants de l’équipe de Suisse non plus, n’ont pas marqué en Coupe du Monde et ça ne leur a pas empêché de donner leur avis, mais chacun fait ce qu’il veut.

Sinon, Paléo n’a pas encore commencé (on se réjouit déjà des interviews de festivaliers sur les sandwichs au canard) et La Cité non plus (on attend avec impatience DES PERFORMANCES).

Alors que nous reste-t-il ? Le Montreux Jazz ? J’y étais lundi, pour y voir Polar Circles. POLAR CIRCLES ÉTAIT AU MONTREUX JAZZ (ils aiment bien que l’on le leur répète). Alors, comment vous dire ? Le concert était incroyable, mais j’ai assez peu de souvenirs de la soirée. On manque donc de matière pour tenir tout un article. Mais ce n’est pas de ma faute :
Submergé par l’émotion, j’ai bu comme un trou de mémoire. Ça arrive même aux meilleurs (même à Yannick Buttet, c’est dire…)

Même si – au final – je n’ai pas parlé de grand chose et que je garde ma plume piquante pour une autre fois, c’est un plaisir de récrire. (un peu) Grâce à ce blog, j’ai pas mal travaillé ces derniers mois. Ce qui m’a fait me lever le matin encore plus tôt que 8h20. Mais je vous propose que nous oubliions cette histoire de lundi au vendredi et de 9h20*. En copiant et collant 109 articles sur ce site, je me suis rendu compte que certains avaient été écrits sous la contrainte. Et là, c’est l’été et la seule contrainte que l’on devrait avoir en été, c’est de devoir assumer d’avoir ses doigts de pied apparents en public.

Alors, à bientôt, ici ou en terrasse.

 

* Cela questionne la pertinence de ne pas avoir changé le nom de ce blog, que personne ne retient jamais (« c’est le post de 10h35 chez Fred Valet, c’est ça ? »). Sachez que vos avis m’intéressent vraiment, n’hésitez pas à m’appeler pour en discuter, voilà mon numéro : 074 quinze

NoBillag ne tuera pas la SSR, Facebook s’en chargera

Après les excès des fêtes, l’initiative NoBillag et le débat passionné qu’elle entraîne se sont chargés de nous saouler jusqu’à l’indigestion. Et vas-y que “y a qu’à se financer par le pub”, moi j’te le dis “il n’y a pas de plan B”, et puis “je veux payer seulement ce que je consomme” mais quand même “pensons à l’unité nationale”.

Comme toutes les discussions passionnées, NoBillag accouche de pas mal de conneries et ce, quel que soit le camp choisi. Après tout, la bêtise c’est comme le cœur : personne n’en a le monopole. Au milieu de cette agitation, les sondages jouent à Ni oui ni non, rajoutant encore un peu de confusion au tout. Résumons un peu : NoBillag c’est arrêter et interdire de financer l’audiovisuel public, sauf en temps de guerre, dès le 1er janvier 2019. Voilà.

Le texte tient en 1045 caractères espaces compris. Soit seulement 981 de plus que “Et ben mon vieux, ils se sont pas foulés avec la proposition” et exactement le même nombre que cet article, là, maintenant. Et dire que l’anonymat de Nicolas Jutzet n’a tenu qu’à si peu de choses… Frustrant, non ?

Parce que oui, cette initiative me saoule. Non pas que l’offre de la RTS soit parfaite – il suffit de tomber (par erreur, forcément) sur Al Dente pour s’en rendre compte – ou qu’elle ne mérite pas d’être remise en question. Mais faut-il vraiment sacrifier le bon sens sur l’autel de la liberté d’initiative ? Depuis quelques années, nous sommes appelés à éteindre des incendies avec nos bulletins de vote. Et tout le monde sait que le papier brûle d’autant mieux quand la flamme est populiste. Je vous laisse repenser au 29 novembre 2009, par exemple.

Je veux bien que l’on innove, mais est-ce que proposer de démanteler une institution, sans amener quoi que ce soit d’autre (je vous le rappelle : 1045 caractères espaces compris. C’est moins que la liste de course d’un apéro de Gérard Depardieu) est vraiment si novateur que cela ? Entre vous et moi, je pense qu’on peut facilement trouver 100′000 personnes prêtes à signer un papier qui dirait “les transports publics sont trop chers, il faut les libéraliser.”

C’est tout : 66 signes qui mériteront qu’on se pose la question dans les urnes et qu’on flippe un coup pour un vote qui pourrait fragiliser notre société. Parce que quand la question est bête, la réponse est rarement intelligente. Même si l’on est nombreux à la formuler.

Les excités du capitalisme qui se tripotent la liberté de choix en HEC devraient se rappeler que l’Homme ne prend pas toujours la bonne décision. La preuve avec la légende de cette photo de profil :

“Je ne crois pas en Dieu, mais je crois en moi. Remarque c’est la même chose.” Remarque, c’est pas sympa d’être allé déterrer ça.

Soyons francs, si je suis aussi mesquin, c’est bien parce que je crois qu’il est encore possible que ce texte passe. Quand les principales armes de la campagne du NON sont l’éloquence de Laurent Wehrli et le compte Twitter de Massimo Lorenzi, tu as de quoi te faire du soucis. Ce n’est en tout cas pas avec cette armada-là que je partirais à la guerre. De toute manière, dans sa situation, la RTS ne pouvait que planter cette campagne. Déjà parce qu’il est difficile de se défendre et d’informer, et puis parce que, bon, Al Dente, sérieusement ?!

Même si un oui peut sortir des urnes, ce n’est pas cette possibilité qui est la plus dangereuse pour l’audiovisuel romand (rapport au titre racoleur de l’article). Je m’explique.

Le 8 février dernier, la RTS annonçait ses résultats d’audience 2017. Le communiqué était clair :

C’est sur les réseaux sociaux que la RTS observe sa plus forte croissance. En cumulant ses présences sur Facebook, Twitter, YouTube et Instagram, la RTS compte désormais près de 2,1 millions d’abonnements (+33%).  Quant au nombre de vues journalières sur YouTube et Facebook, il explose littéralement pour atteindre 417’000 (+76%).
“Chaque jour, plus d’un demi-million de vidéos de la RTS sont vues soit sur les réseaux sociaux, soit sur le site et les applications mobiles de la RTS. Et ce en parallèle de la télévision”, constate Pascal Crittin.

La veille, Thomas Wiesel partageait le très intéressant How Facebook is Killing Comedy de Sarah Aswell, elle-même humoriste. Cet article explique très bien comment les créateurs de contenu en sont arrivés à travailler indirectement pour Facebook avant de perdre leur job. Vous voyez où je veux en venir ?

En générant un trafic monstrueux, le site a réussi à créer “un internet dans internet” où il peut définir ses propres règles. A grands coups de changement d’algorithmes aussi opaques que le domicile fiscal de Pascal Broulis, le réseau social pousse les créateurs à devoir payer pour toucher leurs propres followers.

Toutes les vidéos vues sur les réseaux sociaux de la RTS ne le sont pas sur leur site ou leurs chaînes : impossible d’y vendre de la publicité. A quel moment Facebook demandera-t-il aux médias traditionnels de payer un droit de diffusion, avant même de faire payer pour des pubs, comme c’est le cas actuellement ? Le site a déjà tellement changé les codes du web que les boîtes ont dû dépenser plusieurs milliers de francs dans du community management et des projets WebPourJeunes2.0SurSnapchat. Mais peut-être que dans quelques temps, Pascal Crittin recevra une lettre de Mark Zuckerberg :

“Coucou Cricri,

Merci pour le contenu de l’an dernier. On a été sympas avec les 417′000 vues. Il faut bien concurrencer Youtube, mais qu’est-ce que tu veux, on ne va pas pouvoir être gratuits éternellement. Du coup, au verso, y a mon CCP pour l’abonnement de l’année prochaine.

Je mettrais bien une formule de politesse, mais je m’en balek’ parce que je sais que je peux me passer de toi, alors que l’inverse n’est pas aussi évident.

Bizou !

Mark”

Et là, peut-être que l’on se dira que le rôle du service public n’était pas de dépendre des réseaux sociaux. On se dira que c’était con qu’il n’y ait pas eu une plateforme locale. On rigolera de l’idée de la liberté de choix quand on ne l’aura plus, ou de l’idée de “miser sur le génie helvétique” pour trouver un plan B face aux géants internationaux. Peut-être même que l’on se mordra les doigts que personne n’ait tenté d’éduquer les jeunes à une certaine consommation des médias, au lieu de s’adapter à la leur.

Et, surtout, on regrettera le temps où les menaces les plus dangereuses n’étaient qu’une initiative racoleuse et Nicolas Jutzet.


PS I : Vous avez été nombreux à me demander pourquoi ce site était momentanément à l’arrêt. Vous avez été encore plus nombreux à ne pas le faire. Merci à vous tous. Il y a beaucoup de choses à écrire ces temps, mais chaque matin j’ai un pincement à l’agenda à 9h20 (et malheureusement je me lève plus tôt qu’à 8h20 pour suivre le rythme).

PS II, à propos de ces beaucoup de choses à écrire : Mauvaise Langue, l’émission présentée par Thomas Wiesel et Blaise Bersinger, commence vendredi “après le film du soir” sur RTS 1. Je risque d’écrire plus souvent pour ce programme drôle (sur l’actualité) que pour ce blog.

PS III :

“Au fait,

L’idée de ce texte n’est pas de défendre un bout de gras quelconque. Votez ce que vous voulez, déjà parce que c’est le but d’un vote et que je m’en balek un peu. Aussi parce que mon activité principale n’est pas de bosser pour une émission diffusée sur la RTS jusqu’à cet été, indépendamment de ce qu’il se dépouille le 4. Il n’y a pas mon CCP au verso parce que, même si cet article m’a pris plusieurs heures, je n’ai pas besoin de fric.

Bizou !

Ben”

Regarder un débat au Conseil National

Si Marcel Duchamp a montré au monde entier qu’un urinoir pouvait être une œuvre d’art, un débat du National peut bien faire l’objet d’un article de blog. C’est ce que je me suis dit hier soir. Ma soirée avec commencé en errant dans les méandres d’Internet, à la recherche d’inspiration, regardant les chroniqueurs du week-end et du début de semaine pavaner leur capacité à écrire.

Je me suis rapidement rendu compte que c’était contre-productif. Déjà parce qu’après 10 minutes je me suis retrouvé à regarder un reportage avec deux asiatiques qui s’engueulaient, sans que je sache véritablement pourquoi. Et puis parce que ça me décourageait d’écrire quoi que ce soit.

Finalement, j’ai atterri sur la homepage de 24Heures.ch qui annonçait en grande pompe “Le débat du National sur les pédophiles en direct.” Et je me suis dit, pourquoi pas ? Allez, combattons l’ennui apparent de cette retransmission. Après tout, j’ai déjà vu un mariage religieux et parlé avec un enfant de moins de 6 ans.

J’ai donc démarré le visionnage de la session parlementaire, en mangeant mon repas du soir et en étant désormais convaincu que tous les lundis ne pouvaient pas être excitants.

Arrivé en cours de route, je n’ai pas tout de suite compris ce qu’il se passait. Ni pourquoi un type – à la moustache mieux taillée que le costume – avait presque la même voix que Claude-Inga Barbey. Il m’a fallu deux minutes pour établir qu’il y avait une traductrice visiblement saoulée de traduire des trucs puisque, comme la comédienne genevoise, elle soupirait plus l’ennui qu’inspirait la joie de vivre.

Mais les élus étaient en train de parler exhibitionnisme. Je me suis dit que si Yannick Buttet n’était pas au parc, il y avait moyen pour que ça s’anime un peu. Après, je me suis rappelé que le débat portait sur la pédophilie et que ce n’était pas si drôle que ça.

Mais il faut tout de même relever que visiblement ceux qui posent problèmes sont les jeunes qui suivent des cours de gymnastique et de foot entre 16 et 18 ans. Et on ne parle même pas de leurs goûts pour des sports relativement chiants, mais bien de la question de la fin de l’enfant et du début de l’adulte.

J’ai toujours cru que cela se faisait beaucoup plus tard, dès le moment où l’on paie des impôts et l’on prononce des phrases comme “on a bu un vin super tannique pendant notre escapade en Bourgogne” sans enchaîner par une blague à base de “tannique ta mère”.

Mais revenons à nos parlementaires, dont le travail est décidément étrange. Un débat à Berne consiste en un enchaînement d’orateurs au visage quelconque calé entre un front dégarni et des doubles-mentons. Chacun vient mettre son grain de sel dans la discussion en parlant fort. C’est comme un repas de famille, mais sans le vin, donc ça n’a aucun intérêt.

Ça devenait même carrément chiant et j’ai été rassuré quand celui qui annonçait les orateurs a dit que nous n’aurions pas le temps de traiter l’objet 16-39-58 ce soir. Parce que regarder une session au parlement permet de mieux comprendre la récente décision de Jean Christophe Schwaab. S’occuper d’un enfant qui souffre de troubles du développement demande certainement moins de patience que de devoir passer une soirée à discuter alinéas, clauses et articles.

Mais à ma surprise générale, Jean Christophe est apparu et n’a pas encore quitté le parlement :

Bon, il ressemble plus à Harry Potter ronchon après avoir perdu ses lunettes qu’à un conseiller national.

Rapidement, Nidegger est passé à la tribune pour répondre à Schwaab, qui lui a ensuite répondu. Je me suis demandé s’il voulaient qu’on les laisse. J’en ai profité pour aller pisser, histoire d’éviter la double peine “soirée seul chez soi” + Nidegger. A mon retour, JeanChri a fini de répondre à Yv’ avec une tentative de punchline. Il a eu le sourire du mec qui attendait une ovation ou un “POPOPOOOO” de Rap Contenders mais rien n’est venu. Ce n’est pas facile tous les jours, parlementaire.

Ensuite, un type louche a demandé si les bisous des “professeurs de musique à leurs élèves étaient considérés comme des gestes de faible gravité, parce que ça arrive” J’ai eu peur qu’il embraie par un “c’est pour un pote”.

Mais en fait – comme beaucoup d’autres parlementaires – il a répondu lui-même à sa question (”le bisous c’est une arme madame”) avant de commenter sa réponse. Tu mets ton oreille contre un coquillage, tu entends le bruit de la mer. Tu la mets contre un conseiller national, tu l’entends discuter avec son ego.

D’ailleurs, au bout d’un moment ils en avaient plus grand chose à foutre. Comme à l’école, tout le monde a commencé à faire ses affaires avant la fin et l’annonce des résultats du dernier vote. Avec 185 oui et 0 non, je pense que l’objet devait être : “Bon on va bouffer OKLM et on renvoie le texte aux collègues des Etats ?”

Lancé en pleine saison 5 de House of Cards (ça sert à rien de spoiler, je sais qu’à la fin Kevin Spacey se fait virer de la série), je ne pouvais pas enchainer directement par un épisode. C’est un truc mettre la santé de quelqu’un en danger. Comme si on faisait courir un vieux monsieur en déambulateur à la vitesse d’Usain Bolt, ou qu’on essayait d’expliquer à Lolita Morena la blague de “Juste Leblanc” dans le Dîner de cons.

J’ai donc bu un café en lisant l’article sur les problèmes d’alcool (lol) de Yannick Buttet en me disant que la politique c’est bien aussi quand il ne se passe rien.

Page 14 of 18

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén