Nous y voilà enfin ! Je suis de retour derrière mon clavier, tel un Mozart 2.0 loser qui s’est engagé à écrire un article par jour pendant une année. Parce que j’ai du retard (non pas comme une femme qui serait enceinte, mais simplement avec un décalage temporel, comme les idées de Suzette Sandoz).
Mais que voulez-vous, on s’est fait vieux la semaine passée et quand on se fait vieux, il parait qu’on doit faire la fête pour marquer le coup. Et faire la fête ça prend du temps : avant pour organiser, sur le moment pour être insouciant, et après pour essayer de se rappeler ce qu’on a fait quand on était insouciant.
J’aurais aussi voulu vous parler du Swiss Web Festival, parce qu’Aujourd’hui y a gagné un prix pour ses vidéos web. Celles-là même dont j’ai rédigé les textes. Au-delà de l’égotrip, je voulais couvrir ce festival parce que ça me semble plutôt sympa et que je leur suis redevable d’au moins 200 petits canapés et 3 bouteilles de champagne depuis les 4 éditions où je m’y rends. Mais parler du web avec une semaine de retard n’a aucun intérêt, puisque c’est bien connu : 7 jours sur internet sont équivalents à la durée de la carrière de Jean Rochefort dans la vraie vie.
Mais assez parlé du nombril de mon blog. Parlons plutôt du mien, qui était à Munich pour écouter Polar Circles, en tournée avec The Coronas qui, comme son nom ne l’indique pas, est un groupe irlandais qui boit beaucoup de bières (sont-elles Mexicaines, je n’en sais rien).
Trois jours de voyages, cent trente-cinq bières, un schnitzel de la taille du Liechtenstein et un demi-genou de porc de celle d’un demi-genou de porc (et croyez moi, ils ont des sacrés demi-genoux) pour une session acoustique : ce n’est pas la définition même de l’efficacité. Le projet, si bien vendu par mon pote Thierry (”on va à Munich pour boire et trop manger sous prétexte de soutenir les artistes suisses ?”), m’a semblé assez absurde pour que je m’y lance.
Ci-dessus, un demi-genou de Porc
Quand une idée parait tellement stupide que l’on pourrait la considérer comme une œuvre d’art contemporain, il faut généralement dire oui. Sauf si cela consiste à jouer à la roulette russe avec un pistolet automatique ou si c’est une initiative UDC.
Donc, quelques minutes de réflexion et une heure et demie d’avion plus tard, nous voilà à Munich, une chope d’1l dans la main. C’était dimanche soir et il fallait bien attendre le concert qui avait lieu 24 heure plus tard. Une attente qui nous a permis de constater que cette ville le dimanche n’est pas plus animée que Lausanne. Mais qu’il y a tout de même moyen de rigoler si l’on cherche bien.
Le lundi après-midi était consacré à la culture et la visite du musée de la chasse et de la pêche, sur lequel nous nous sommes rabattus après avoir appris que le musée de la pomme de terre n’existait plus. Un musée qui repousse les limites de la dose de fun accessible pour 5€, mais qui serait bien plus drôle si les œuvres étaient légendées par les rappeurs français, comme les Casseurs Flowters ou Booba :
Puis, nous avons retrouvé Polar Circles dans un Airbnb un peu plus loin du centre et de l’idée que je me faisais d’une tournée de rockers. L’hôtel 5 étoiles s’appelait “Madame Fruh” et la cocaïne avait été remplacée par une tasse de thé contre voix usées.
Mais pas le temps de se focaliser sur ces détails qui n’auront plus d’importance le jour où les rockers lausannois rempliront Wembley de fans et leur suite au Four Seasons de groupies. Rome ne s’est pas faite en un jour, et d’ailleurs cela aurait certainement pris encore plus de temps si on avait demandé à Polar Circles de construire la ville.
Parce que tourner avec The Coronas, c’est déjà un excellent début pour leur deuxième album qui s’annonce canon. En Allemagne, les salles étaient pleines et les Irlandais ont visiblement apprécié leurs compagnons de tournée. Parce qu’il ne faut pas croire non plus qu’être musicien en Suisse consiste à comparer sa Hublot avec Bastian Baker en écoutant du Stephan Eicher. Cela veut surtout dire faire des kilomètres de route pour porter trop de matos et s’emmêler les jack, avant de pouvoir enfin ravir le public.
Polar Circles en train de ravir le public.
Et puis, comme toutes les belles choses ont une fin, il a fallu se réveiller tôt et reprendre la route avec le groupe vers un régime alimentaire normal, des heures de sommeil et une douche.
Je n’ose pas imaginer ce qu’il en est des membres du groupe, après 10 concerts en 15 jours et 3 pays, de Hambourg à Munich. Un jour, ils finiront bien par y être, sur cette grande scène du Paléo. Et dans le public, il y aura certainement deux types déçus qu’il n’y ait pas de stand de demis-genoux de porc à Nyon mais qui auront une larme de fierté pour leurs potes qui – à force de kilomètres en van, de nuits courtes, d’investissement en temps, en énergie et en fric – auront mérité de pouvoir ravir un si large public sans devoir s’exiler.
D’ici-là, mettez-vous en plein les oreilles :