Dans la vie, il y a certains événements récurrents qui permettent de faire le bilan et voir où l’on en est par rapport à la dernière fois. Je pense à Nouvel-An, aux anniversaires, ou à la non-attribution des Jeux Olympiques à la ville de Sion.
Paléo est aussi l’un de ces événements.

Par pudeur, je vais ici vous épargner le détail des changements dans ma vie depuis la dernière édition du festival.
Par vanité, je vais quand même lister les plus chouettes (mariage avec une femme incroyable, accès à la propriété et carrière « en faux plat montant » comme dirait Nathanaël Rochat).

À titre personnel, cette édition m’a permis de constater que j’étais plus vieux qu’en 2019 et encore plus qu’en 2017 et oui je sais, cette révélation est entre le niveau « influenceuse » et « coiffeur qui ne sait plus quoi dire ».

Rembobinons.
Mardi soir, plaine de l’Asse. Bar le « Cosmo », accessible avec un bracelet qu’on vous offre si vous êtes connu ou important et qu’il faut quémander si vous avez une carrière en faux plat montant.

Fin de fondue avec Antoine Hürlimann – excellent journaliste, bonne personne, mauvaise hygiène de vie: tout ce qu’on aime.
Nous sommes rejoint par M. dont je ne révèlerai pas le prénom, un peu parce qu’il fait anonymement des mèmes sur un compte très suivi et beaucoup parce que je ne connais pas son prénom.

Il parle fort quand il a bu, il est malin, jeune et sûr de lui: on dirait moi il y a quelques années, c’est vous dire si j’ai des raisons de le trouver insupportable.

Il ne m’a fallu que 13 minutes de discussion pour craindre que les mèmes finiront par ringardiser à peu près tout le LOL en Suisse romande (franchement, qui prend le temps d’écrire ou lire des trucs de plus de 10 mots pour se divertir? Vous et moi, oui. Mais nous sommes pris dans le tourbillon de la vie qui nous pousse immuablement vers la ringardise, alors que nous sommes trop vieux, ou Suisses, pour mourir d’une overdose afin de paraître cool, sachant que paraître cool est déjà une expression ringarde).

Oui, 13 minutes, soit le temps de s’envoyer quelques vannes (« Ça va M., c’est pas trop difficile de voler des images sur Google pour ajouter une blagounette dessus? ») et quelques vérités (« Benjamin, on dirait que tu es de droite. »).

Au milieu, Antoine fait l’arbitre. Lui aussi est plus jeune que moi et je sens bien que l’on me regarde comme le Johan Vonlanthen de la chronique en je: un éternel espoir qui ne le sera plus pour longtemps.
Pire encore, Hürlimann se lance dans les textes à la première personne. Je vous laisse lire, me dire quels textes vous préférez et pourquoi les miens.

Bref, je pars avant que la discussion tourne mal, soit au moment où je n’aurai plus de répartie.

Heureusement, la soirée s’est bien finie, avec mes cousins qui ont la décence d’avoir environ le même âge (ou un peu moins, mais d’être déjà parents). Et surtout d’avoir les réflexes de cet âge: prendre de la crème solaire et un bon thermos pour y remplir du mauvais rosé et le garder frais.

Mais rassurez-vous, ce Paléo m’a aussi permis de constater qu’il y a des choses qui ne changent pas:

En tant que festivalier, j’ai toujours autant de plaisir à y être (parce qu’y aller et en revenir, quand on est vieux dans sa tête c’est une autre histoire).

En tant que consommateur de médias en général, il y a aussi une constante. Toutes les rédactions continuent à se retrouver dans les champs de l’Asse (pour en faire tout un foinPTDR), dans une sorte de publireportage géant qui permet à peine de broder des actualités sur ce qui pourrait se résumer à « Juste, si jamais y a des concerts à Nyon ».

Alors qu’il y aurait de vrais sujets à creuser. Comme le retour d’un grand stand de fabriquant de cigarettes. Ou l’incendie sur le parking des employés.
Pour rappel:

20 Minutes

Heureusement que ça ne s’est pas déclenché dans le parking des bénévoles ça aurait fait beaucoup plus de voitures cramées. Ça va, je rigole pour taquiner: je sais bien que les bénévoles n’ont pas de parking.
(En plus, je crois que c’est faux mais que vaut la vérité face à une vacherie?)

Après, il faut avouer que l’été est une période médiatiquement compliquée, surtout quand Alain Berset ne pilote pas d’avion:

24 Heures

Bien que le terme de « Spiritualité décorative » mériterait une digression de 7’000 signes, je crois qu’on va s’arrêter ici. Je dois commencer à me réjouir d’y retourner samedi. Parce que – comme tous événements récurrents qui permettent de faire le bilan – au fond on aime bien.

Surtout la non-attribution des Jeux Olympiques à la ville de Sion.