Mardi soir, on ne parlait que de ça. Les Red Hot allaient pimenter la première soirée du Paléo et emmêler les fils de nos réseaux sociaux, à grands coups de vidéos amatrices de leur concert.

Puis, les médias ont pris le relai. Comprenant que “les réseaux sociaux c’est l’avenir”, tout le monde s’en est donné à cœur joie. Apparemment, l’avenir est aux stories faites d’images tremblantes et de questions bancales aux festivaliers :

« – Vous mangez quoi vous, des nouilles ? C’est bon ? »

Et ben non, c’est pas bon. C’est même très chiant comme question. Moi, pour entendre des banalités, je vais chez le coiffeur. Pas sur la page Facebook d’un journal.

Après mercredi, je suis quand même retourné au Paléo, le vendredi. Grâce à la gentillesse d’une amie, esclave rédactrice motivée du Paléoblog, j’ai eu la chance de découvrir la zone presse. En exclusivité, un aperçu :

Je sais, c’est impressionnant.

Après ce reportage photo de l’extrême, je suis retourné sur le terrain parce que j’avais soif de vin blanc de concerts et que celle des journalistes ne peut pas être étanchée avec un éventuel open bar. Ce serait pourtant une belle opportunité de rendre leurs stories immersives un peu plus fun :

« – Vous vomissez quoi vous, vos nouilles ? Ça va ? »

Je n’ai pas pour habitude de faire des articles très engagés, mais dénoncer l’augmentation de 4.- (+20%) du prix de la bouteille de blanc est un combat qui me tient à cœur. Samedi matin, j’ai pu comparer avec ma migraine de l’année passée et les trous dans l’estomac que j’avais eu (le vin vient de Nyon…) et ben ce n’est pas 20% mois pénible.

Cela dit, chaque année je me fais avoir par ce blanc. Tu pars frais comme Macklemore et tu te réveilles avec la tronche de Renaud, c’est la plus grosse arnaque depuis le succès de Black M, ce chasselas.

Bref, on était au Détour, nos porte-monnaies allégés de 20%, quand le ciel a commencé à être menaçant. Pas hyper menaçant, plus du genre “je vais peut-être pleuvoir” que “kestuveux mék?” mais ça a suffi à effrayer mes chaussures blanches.

Si, tout comme moi, vous n’avez plus de bottes de pluie depuis qu’elles vous ont traumatisées quand vous étiez petit (comme les pantalons en velours côtelé et les pansements mickey), la meilleure chose à faire est encore de profiter de votre majorité pour accéder au stand IQOS.

Une horde d’étudiants vous y attend pour vous demander si vous avez essayé / si vous voulez essayer / si t’as pas deux balles / si vous préférez le parfum menthe ou odeur d’écurie (normal). Quelle indiscrétion !

Est-ce que moi je leur demande combien ils sont payés de l’heure, à ces étudiants de l’EHL qui bavent devant une annonce de job pour Philipp Morris ? Bon, je l’ai quand même fait et on m’a laissé boire mon Gin Tonic tranquille. Œil pour œil, poumon pour poumon.

Au bout d’un moment, il a bien fallu aller manger. Traverser la plaine de l’Asse* boueuse avec des baskets blanches et un sens de l’équilibre alcoolisé ressemble fortement à marcher sur des œufs avec des pieds en forme de rebords de saladiers. C’est très périlleux. Enfin… Pour les 3 premiers pas. Ensuite, il faut appliquer la méthode du “n’y pensons pas et le problème disparaîtra” qui fait ses preuves depuis le mois de mars avec ma déclaration d’impôts.

Et puis, on finit par y arriver à ce stand de sandwiches au canard, parce que celle qui tient le parapluie a envie d’un sandwich au canard. Et que toi, avec ton absence de k-way et tes pieds mouillés, tu ne te vois pas trop te rebeller contre cette idée et le diktat du parapluie. Même si bon, il y avait certainement mieux à faire avec 14.-, comme par exemple manger quelques raclettes.

A défaut du stand IQOS (qui – entre temps – était devenu comme mon oncle à Noël : complètement bourré), il faut retrouver un abri. A peine arrivé sous la tente d’un bar, une dame t’explique qu’ici ”on fait de la réinsertion avec des jeunes en difficulté. Il y a aussi de la prévention, donc il n’y a pas d’alcool. Mais si vous voulez, on peut quand même vous servir un sirop.” Je n’ai pas vraiment compris ce qu’elle faisait à Paléo et je lui ai dit que si elle voulait la jouer comme ça, on pouvait quand même aller voir ailleurs.

Un vrai bar et une fin de la tempête plus tard, il était déjà temps d’aller écouter Macklemore. Et là, je tiens sincèrement à remercier ce petit bracelet (et l’auteure talentueuse** qui me l’a donné) qui permet d’aller s’installer sur le côté de la grande scène, en hauteur, avec des journalistes. Bon, en vrai il y avait aussi moi et des filles de 14 ans, donc c’est également ouvert aux blogueurs peu influents et aux enfants. Mais je dois avoir un problème de légitimité puisque j’ai commencé ce post par : “Les Red Hot allaient pimenter” (Tiens ça, les gros titres ! Moi aussi je peux le faire).

Bon, il faut quand même avouer que voir le public depuis le haut donne une toute autre impression. Je devais être un peu mélancolique, mais j’ai trouvé ça beau. Tous ces gens qui agitaient leurs bras heureux en rythme, ça ressemblait vachement à du bonheur collectif. En tant que spectateur occasionnel de la Pontaise, on n’a plus l’habitude. C’est sûrement pour cela que ça m’a autant remué. C’était émouvant ou c’était le Gin Tonic, je ne sais pas.

Cette note d’émotion sera d’ailleurs le feu d’artifice final de ce post. Pas besoin de vous parler du trajet de retour, debout dans un train ; des chaussures boueuses qui sont encore sur le rebord de ma fenêtre ; ni du bleu monumental que j’ai sur la cuisse droite. A moins que vous, vous sachiez comment je me suis fait ça. Sacré vin blanc (+20%, bordel !)

A demain !

* : A ne pas confondre avec la pleine de l’Asse qui désigne la fille la plus bourrée de la soirée

** : Je tiens d’ailleurs à féliciter tous ceux qui prennent de leur temps et de leur plume pour animer ce blog et raconter des concerts. Allez y jeter un œil, il y a des articles très bons. Comme celui-ci.