Le Post de 9h20

de Benjamin Décosterd, (initialement) pour se lever à 8h20

Calcul > Art ?

On a appris cette semaine que Pixar avait introduit son premier personnage lesbien dans un de ses films.

Mais dans ce genre d’actualité, de toute façon, ce n’est pas l’annonce qui est la plus passionnante. Ce sont les commentaires. MAIS LE VIDE INTERSIDÉRAL. Ah mais ça donne plus le vertige que de regarder une star de télé-réalité dans les yeux. Allez, faut juste pas regarder en bas :

Oui, c’est commentaire a été modifié.
Un jour, les gens comprendront que les homosexuels n’ont pas choisi de l’être. Comme nous n’avons pas choisi de vivre sur la même planète qu’Hedia.
On vient de le dire, C’EST PAS UN CHOIX, il faut suivre. Cette phrase va néanmoins te plaire, puisqu’il y a une morale universelle à la fin : tu es con, Yassine.

Et on finira sur un magnifique et désormais bien connu :

Même si nous sommes d’accord que l’homosexualité n’est pas comme le hand spinner, nous sommes en droit de nous poser la question du but recherché par Pixar. Volonté de « représenter le monde moderne » ? Coup marketing ? Est-ce qu’ils font ce qu’ils veulent et à la limite on s’en fout ? A toutes ces questions, on serait tenté de répondre « oui ».

Même si moi, ça me choque que des gens puissent penser d’abord à la communication, au marketing et à gagner leur vie avec l’art, avant de penser à la beauté de faire quelque chose d’engagé et personnel pour « interpeller sur la sexualisation des gendarmes couchés et leur représentation dans l’espace public, où quand l’urbanisme devient métaphysique et rencontre l’érotisme. En gros, la rue nous baise-t-elle, ou est-ce l’inverse ? »

Non, vraiment, moi ça me choque ce cynisme commercial qui consiste à « être dans l’époque ». Allez, pour se remettre, une photo de chat (dont les dimensions n’ont pas du tout été calculée au pixel près pour faire un bon aperçu d’article) :

Bojack me manque.

Et puis de toute manière, la vie privée des héroïnes et des héros de films nous intéresse-t-elle vraiment ? Jack, il aurait voulu niquer le capitaine du Titanic, plutôt que Rose, qu’est-ce que ça aurait changé ? Bon oui, d’accord toute l’histoire. Mais le personnage, il reste le même. Et il baise qui il veut.
Même nous, sur le prix du pop-corn et du billet parce que bientôt, en plus des lunettes, il faudra une combinaison sensorielle, un parapluie et de la crème solaire pour aller au cinéma (suivant le film, il pleut aussi dedans maintenant, ça ne m’étonnerait pas qu’ils ajoutent des UV bientôt.).

Et vraiment s’il y en a que ça choque. Si vraiment il y a des gens – en 2020 – qui pensent que leurs enfants peuvent « devenir lesbienne » à cause d’un film, l’héroïne en question est une licorne cyclope dans une histoire où les héros sont des elfes. Il y a assez d’éléments pour que ces enfants puissent rester dans le monde merveilleux dépeint par leurs parents, celui où les personnes homosexuelles n’existent qu’au pied des arcs-en-ciel magiques, mais « EN TOUT CAS PAS DANS NOTRE FAMILLE, MAÉVA. C’EST QUE LES CHINOIS QUI BOUFFENT DES CHATTES. ET D’AILLEURS ÇA DONNE LE CORONAVIRUS. »

© Disney Pixar

Je vous mets la photo du personnage (secondaire, faut pas déconner non plus). Comme ça vous l’avez vu. Parce qu’entre nous le film a pas l’air dingue. Vivement que la diversité s’invite aussi dans les scénarios : là, ce sont deux enfants qui apprennent à dompter la magie, ce pouvoir oublié (au hasard, métaphore de l’émerveillement enfantin dans un monde moderne où les gens ne rêvent plus, SANS BLAGUE ?!) mais ressuscité par une lettre posthume de leur père (qu’ils n’ont évidemment jamais connu) qui veut – grâce à la magie – être ramené à la vie pendant 24h, pour voir ce que ses progénitures sont devenues (métaphore du fait que, comme le disent si bien les influenceurs lifestyle/coaches de vie/habitués de l’ORP : « si vous croivez dans vos rêves, vous puissiez dans la vie!!! »)

Bref, si la question des stéréotypes dans les dessins animés vous intéresse plus qu’en lisant un post de blog de mâle-blanc-hétéronormé-et qui a les moyens d’acheter du bio, je vous conseille l’excellente émission de « Tribu » sur le sujet. On y apprend plein de choses, notamment qu’il y a un sociologue qui est payé pour regarder des dessins animés.

Promis, je voulais publier à l’heure

« Ouais mais maîtresse, mon chat il a vomi sur mon post de blog alors j’ai pas pu le rendre à temps. » Non en fait, je regardais la Revue de Lausanne (spectacle super qui est encore visible 5 jours, pour celles et ceux qui n’auraient pas voulu contribuer à ce succès populaire et à mon enrichissement personnel via les droits d’auteurs).

Bon, alors quoi de neuf ? Ce matin, enfin un buzz (lol) suite à mon papier d’hier (et une allusion à Luc Barthassat) :

Je savais que j’aurais dû mentionner Roger Federer, le compte Twitter du chat qui squatte la RTS ou Philippe Jeanneret. Chier.

Sinon, j’ai enfin reçu mon canapé. Alors, pour vous qui n’avez pas déménagé en octobre et qui n’avez pas attendu depuis ce moment-là ; pour vous qui n’avez pas lutté pendant 4 mois – à grands coups de mails passifs-agressifs et d’appels déviés vers la personne « qui doit savoir de quoi vous parlez » – contre le magasin Livique ; pour vous, finalement, qui avez déjà un salon, cette nouvelle vous passe certainement bien au-dessus de la table basse.

Mais de mon côté, c’est le soulagement ! Un soulagement qui a rapidement fait place à l’étrange sentiment que cet achat est le début de la fin. Le moteur intégré pour surélever les jambes est déjà une raison de ne plus sortir de chez soi. Si vous y ajoutez Netflix de l’autre côté de la pièce, c’est définitivement la mort de toute forme de productivité ou de vie sociale.
Si le destin n’avait pas murmuré « lève-toi et marche » à la volonté d’Homo sapiens, mais « sois assis et regarde Brooklyn 99 », l’humanité serait restée par terre et l’on n’aurait pas inventé les canapés. Et encore moins les moteurs qui iraient dedans, ni la Rue Marterey et je me retrouverais aujourd’hui SDF (quoique de toute façon je n’aurais simplement pas été conçu si Netflix avait existé. Les enfants d’après 2010 sont des héros, il faut le rappeler. Naître après l’arrivée de Netflix, c’est être le miraculé d’une guerre contre la frivolité de notre époque.)

Donc, Rue Marterey. Oui parce que j’ai fait mon grand retour parmi les miens, celles et ceux qui m’ont vu grandir : les bobos du 1005 Lausanne. À quelques caniches tirant des manteaux de fourrure à cheveux violets (non pas teintés de féminisme mais plutôt de vieillesse) près, j’aurais été propulsé dans mon enfance socialiste à l’Avenue de Rumine : que voulez-vous, on vient de la street ou on n’en vient pas.
D’ailleurs, à y regarder de plus près, et si l’on met de côté le nombre d’endroit où l’on sert des Gintos ou des Negroni trop chers au mètre carré dans le quartier, la Rue Marterey n’est pas que bobo.

Depuis quelques semaines je suis passionné par les habitués du bar PMU en face de chez moi. Et ne voyez pas un manque d’inclusivité dans la phrase précédente, les habitués sont des hommes. Des mecs avec une clope au bec, une bière à la main et trois dans le sang, ainsi qu’un emploi du temps visiblement moins chargé qu’eux-mêmes. Du lundi au samedi, ils s’époumonent devant le petit écran de télé, posé au-dessus du comptoir de la partie bar du Sultan Kebab – qui sert des kebabs, des pizzas et des tacos – mais pas de soupe, histoire que personne ne se dise qu’il y a une couille dans le potage de cette carte multiculturelle.
Une fois, un des habitués a gagné aux courses avec les trois bons numéros. Il dansait au milieu du passage.

Alors que je m’apprêtais à enchaîner sur une analyse tragicomique de la vie de ce monsieur, qui venait de retrouver une raison de parier pour les deux semaines suivantes, j’ai reçu une notification d’Instagram.

Quel début de semaine en fanfare. Le buzz et l’argent du buzz. Ce commentaire, rédigé en 3h30, me rassure sur ma productivité du jour. Luc Barthassat doit avoir aussi reçu son canapé avec moteur électrique qui permet d’élever les jambes.

Il est déjà 16h18. J’ai des trucs à faire et plus grand chose à dire. Décidément, le quotidien est autant une source d’inspiration qu’un obstacle pour la littérature.

Les Beaux Parleurs – 23 février

Le procès de Julian Assange en extradition aux Etats-Unis débute ce lundi 24 février. L’occasion de se demander : C’est quoi WikiLeaks ? Le Canton de Genève doit-il accueillir Assange ? Ou encore : mais qu’est-ce qui est pire, la prison ou le canton de Jura ?

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