Quel week-end sportif. Bon, mon sport de samedi et de dimanche s’est limité à de la marche pliée en milieu aquatique tempéré. Vous savez, quand vous êtes dans des bains thermaux et que vous ne voulez pas nager, alors vous avancez en marchant, mais en gardant le corps le plus possible dans l’eau. Courbé et les jambes pliées, vous ressemblez à une personne âgée (ce qui est pratique pour se fondre dans la masse), mais vous vous en foutez. L’eau est chaude. Aussi brûlante que l’agenda sportif du week-end passé.

Commençons par samedi, où le Lausanne-Sports a battu le FC Bâle sur le score de 2-1. Oui, vous avez bien lu : le LS a enfin gagné contre quelqu’un. Une info qui serait celle à retenir, si ce quelqu’un n’était pas le FC Bâle. Plus qu’une victoire, ce match s’apparente à un dépucelage, puisque ce n’était pas arrivé depuis 17 ans. Et pas le récit pété d’une fausse première fois au camping à l’étranger, mais bien une partie de jambes en l’air dans les règles de l’art, puisque le FC Bâle a eu droit à son penalty habituel.

Pour ceux qui ne s’intéressent pas au football suisse (c’est à dire quand même beaucoup de monde), sachez que sur une échelle de 1 à Neymar, Lausanne en est à Kevin, footballeur amateur au FC Echichens. Et bien, malgré ce rapport de force déséquilibré, le cours attendu des choses a été inversé : comme David qui bat Goliath ou Eric Stauffer qui ne serait pas opportuniste.

Cette surprise lançait parfaitement les événements du lendemain.

Dimanche, ce sont les caisses à savon qui ont envahi l’avenue d’Ouchy pour le compte d’une boisson que j’ai regoûtée il y a 30 minutes et qui est très énergisAAAAANTE (là, l’auteur se lève de son bureau, part faire trois fois le tour du quartier en arrachant sa chemise et en criant : “VIVE PHILIPPE LEUBA !!”, va acheter une glace pour la lancer contre une glace, compte jusqu’à l’infini – trois fois – et revient faire sa chute de pression dans son lit.)

Les participants étaient notés par un jury de seulement trois personnes, alors que 42′000 autres regardaient sans avoir leur mot à dire sur les vainqueurs. Cela ressemble un peu à la course au Conseil Fédéral. Comme les candidats, les véhicules devaient affronter plusieurs obstacles et prendre des virages périlleux.

Le virage suisse, aussi appelé “paie ta double nationalité et rends un passeport”

Le petit saut représentatif aussi appelé “certes, je suis (rayer les mentions inutiles) Tessinois-un peu genre Macron-une femme avec des enfants en âge d’être scolarisés, mais je veux qu’on parle surtout de compétences.

Finir à pied, derrière tout le monde, ou comme on dit dans le jargon “faire une Isabelle Moret.”

  

Ça ressemblait un peu à la course au Conseil Fédéral donc, à la seule exception près que – pour la course de caisses à savon – certains membres du public ont déclaré à la RTS : “Ça donne envie de le faire.” Et on peut les comprendre. Alors que les 11 candidatures sauvages pour devenir les collègues de Guy Parmelin sont moins facilement explicables.

Pour terminer en beauté, l’agenda sportif nous avait gardé une finale d’US Open, sans Federer malheureusement. Une finale sans Roger est-elle encore une finale ? Pas sûr. Comme disaient Lamartine et Tom Hanks dans Seul au monde, juste après avoir perdu Wilson, son ballon de volley : “Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.”

Bon, là, il manquait carrément un adversaire à Nadal, qui a respecté l’adage “une finale, ça ne joue pas, ça se gagne” puisqu’il n’y a quasiment pas eu de match. Comme si on était passé de l’entrée des joueurs sur le court à la remise des coupes. Ce n’est pas que le temps ait filé (2h27 de match, c’était d’ailleurs long) mais plutôt qu’il n’y ait pas eu de suspense.

L’Espagnol s’est promené face à un Anderson (première finale pour lui) qui n’a pas été à la hauteur du rendez-vous. Difficile donc de dire si Nadal a gagné parce qu’il était fort ou si Anderson a perdu parce qu’il n’était pas bon.

Une finale retransmise sur la RTS, avec un commentateur déplacé pour l’événement. Cela doit déjà coûter assez cher d’en faire venir un, mais on pourrait regretter l’absence d’acolyte pour Jean-Marc Rossier. D’accord, il y a No Billag en vue, mais quand même. Moi ça ma donné envie de lancer une initiative No Jean-Marc Rossier tout seul.

Abandonné, il a été obligé de meubler pendant tout le match. Il a rapidement abdiqué devant la difficulté de se renouveler, nous gratifiant de nombreux “l’Espagnol domine” ou de variations du genre d’ “Anderson est dominé.” On se serait cru dans 50 Shades of Grand Chelem.

Mais, malgré ça, il n’y a pas à dire, le sport c’est quand même vachement bien pour meubler les discussions et c’est sympa à regarder. Vivement qu’ils installent des télés dans les bains thermaux. Ou que la marche pliée en milieu aquatique tempéré devienne une discipline olympique.