Les grandes vacances sont finies, emportant avec elles le doux parfum d’un fonctionnement au ralenti, les tongs, Despacito (il était temps), les après-midi en terrasse et les #SummerVibes (enfin !). La bière n’aura plus le même goût, du moins jusqu’à l’année prochaine (pour ceux qui ont un vrai travail).
Nous sommes aussi arrivés au bout des festivals : après la Cité, Paléo et Rock Oz, on a fini en beauté avec le Venoge Festival de Penthalaz. Encore quelques lignes et on pourra lire d’autres choses sur ce blog que “blablabla j’ai bu du blanc” ou “gnagnagna quand il pleut, il y a de la boue par terre.”
C’était donc jeudi soir dernier (lepostde9h20, toujours les premiers sur l’info) avec The Baseballs-Offspring et, pour la première fois depuis le lancement de ce blog, une accréditation presse fournie en bonne et due forme.
Précisons d’entrée que non, je ne suis pas fier. Parce que je n’ai pas l’impression de participer au sauvetage de la presse avec ce genre de démarche. Un peu comme le mec qui continue à taper dans les petits fours jusqu’à la dernière minute de croisière du Titanic avant de sauter dans un bateau de sauvetage en disant : “de toute manière je n’étais pas sur le Titanic, à la base. Maintenant, allons écrire des chroniques chez Bon pour la Tête !”
Bon, en vrai c’était marrant et j’étais content d’avoir ce petit badge, même si je ne m’étais jamais senti aussi surévalué depuis que ma mère avait dit que j’étais le plus beau bébé du monde ou depuis la fois où j’ai failli devenir une icône du cinéma LGBT, mais ça c’est une autre histoire.
C’était donc jeudi et je me rendais au Venoge, armé de ma copine qui connait bien les lieux puisqu’elle vit tout près de là, et avec – en stock – un colocataire qui était déjà sur place, puisqu’il connait bien l’alcoolisme des festivals.
Premier constat, il y a du monde. Non, mais genre vraiment du monde (il faut vous imaginer qu’on est à Penthalaz). En temps normal, il est déjà bien assez difficile de faire venir des gens à Penthalaz (surtout quand les voisins les plus nombreux sont les Lausannois et qu’ils n’ont pas vraiment de raison de sortir de la plus belle ville du monde) mais là, même Offspring s’était pointé dans ce village de 3244 habitants. On défiait donc le quotidien et l’ordre “normal” des choses.
Et tout ce monde, ça prend de la place. Malgré les nombreux témoignages recueillis (paie ton badge presse) et qui indiquaient que le site s’était vraiment agrandi (”la première année, je me souviens, il était haut comme ça” **geste de la main, mise parallèle au sol, qui se rapproche de celui-ci**) on était parfois un peu serrés :
– Pardon, excusez moi.
** Petite bousculade qui suffit à faire déborder ta bière **
– Vraiment navré.
** Impact d’un sein sur ton coude **
– Milles excuses.
Une fois sortis des flux de festivaliers et arrivés au “Village” (aka la zone bouffe) il ne restait à nos ventres qu’à trouver leur bonheur. Mais, comme ceux qui créent une agence événementielle ou qui achètent un foodtruck, nous n’étions pas les seuls à avoir eu l’idée. A vue de gargouillement de ventre, au minimum 25 minutes d’attente à chaque stand, alors que j’avais tellement faim que je me serais contenté de manger les crottes de nez de Voldemort, c’est vous dire.
Pour prendre tout le monde à contre-pied, on a commencé par des gaufres vu que personne n’était au dessert. Cela a bien calmé mon ventre, parce qu’au milieu de toutes ces cuisines différentes, je commençais à avoir de drôles hallucinations : je rêvais d’une raclette au riz cantonais, le tout inséré dans un sandwich au foie gras avec une sauce Tzatzíki.
Finalement, nous avons croisé la mère de ma dame qui avait eu le courage de braver une des files d’attente et nous avons pu manger. Celui qui a inventé la première blague sur les belles-mères ne devait pas être allé au Venoge.
Le Venoge qui est, je le rappelle, un festival de musique. Alors parlons-en un peu et commençons avec The Baseballs :
Le concept est très simple. Vous prenez une chanson plus ou moins contemporaine (genre du Britney Spears, mais ça le fait aussi avec 50 Cent) et 4 allemands nostalgiques. Vous mélangez le tout avec du piano, de la contrebasse et de la coke (surtout pour le pianiste) et ça donne des chansonsqui font passer les hits de ces 15 dernières années pour des reprises des années 50. J’adore d’habitude.
Et j’ai adoré. Mais big down (ça se dit ?) à la balance son, puisqu’on ne comprenait pas vraiment ce qui se chantait, à moins d’être au centre et au fond. Cela dit, de nombreux festivals sont à la même enseigne dès que la scène est grande (sauf quand le prix de ton billet pourrait financer le salaire horaire de quarante ingés’ son. #MJF).
Pas trop grave, puisque tout le monde était venu écouter THE “O”, TO THE “FF”, TO THE “SPRING”, à savoir mon adolescence, mais aussi l’adolescence de gens plus vieux que moi.
Magnifique retour en arrière, à la période dorée où j’écrivais “sk8″ sur mon sous-main à l’école, que j’avais des chaussures de skaaaiiiite (les moches avec des languettes moches, en forme d’énormes tumeurs), un casquette de skaaaiiiite, des t-shirts de skaaaiiiite, et même un skaaaiiiite mais que je ne savais pas vraiment utiliser. Avril Lavigne était mon fantasme absolu et ses clips passaient entre deux pubs pour des SMS de compatibilité amoureuse.
Et puis, Offspring est une machine à tubes, donc tu connais plein de chansons (plus que ce que tu imaginais d’ailleurs… Tu avais quand même téléchargé pas mal de trucs sur Limewire). Les musiciens sont statiques mais le public bouge beaucoup devant, alors que plus loin, certains profitent du concert à fond :
“Laisse-moi kiffer la vibe avec mon tel” (oui Diam’s était aussi connue pendant mon adolescence)
A la fin de l’heure et demie de concert, les Offspring sont partis, tout comme les ¾ du public. J’en ai quand même profité pour aller dire bonjour aux vaillants photographes du festival, que j’avais croisés le lundi en venant chercher mon accréditation.
Très sympathiques, certains avaient beaucoup ri de ma ressemblance (toute relative) avec Norman fait des vidéos, dès qu’on leur avait dit que j’écrivais des trucs parfois méchants. Certainement un moyen de montrer que – eux aussi – peuvent être piquants. Et bien, sachez que je ne vous en veux absolument pas, je comprends que, depuis que les filtres Instagram vous ont mis au chômage, ce soit très difficile de rester drôles.
OOOH mais non je déconne. Sérieusement, ils et elles ont fait un super boulot et de magnifiques photos. Ce ne devait pas être facile tous les jours, entre tous les boloss venus pour Black M ou les papas en chaleur devant Sonia Grimm.
Au final, il ne manque pas grand chose au Venoge pour devenir le festival très cool du mois d’août : quelques bars en plus, des allées plus larges pour faire circuler les festivaliers (c’est pas que je n’aime pas les seins sur les coudes, mais quand même) et un petit ancrage local qui amènerait un supplément d’âme.
On dit qu’on y réfléchit et qu’on se revoit l’année prochaine ?