de Benjamin Décosterd, (initialement) pour se lever à 8h20

Catégorie : Sport

Wake up and write

C’était l’évènement sportif de cette fin de semaine. Vendredi, à Lausanne, avait lieu la Wake Up And Run : “un jogging ou walking de 5km non chronométré qui a lieu à 05:30 d’un jour de travail dans le centre-ville.”

Il parait que ceux qui ont vu passer la catégorie marcheurs ont pris peur, se croyant dans Walking Dead. Alors que ceux qui dormaient ont dû se contenter des dizaines de photos de coureurs matinaux sur leurs fils d’actualité Facebook.

Petit à petit, j’ai commencé à ressentir la même lassitude qu’avec la Color Run, “le plus joyeux 5 km de la planète” qui se positionne donc en plus grand rassemblement de bien heureux du monde. Non, mais c’est vrai : quelqu’un d’heureux, qui sourit dans la rue ou le métro, c’est soit suspect, soit énervant. Alors 2′000 quelqu’un d’heureux, ravis de se faire asperger de couleurs, compressés au milieu d’une foule de bonheur qui court à moitié c’est carrément louche.

Voir défiler les photos de ceux qui se lèvent pour courir ensemble avant le travail, j’ai trouvé ça aussi un peu énervant. La cerne fière et le corps presque paré à l’effort, ils allaient le faire, et cela méritait qu’on tape dans nos likes pour applaudir leur capacité à s’auto-flagéler. J’étais peut-être un peu jaloux aussi, parce que la Drink and Zigzag, organisée par mon colocataire et moi samedi soir, m’a prouvé que je n’arrivais pas à courir à 5h30. 

Et puis après je me suis rendu compte que mon blog était un projet du même genre, et que je partageais tous les matins un texte sur Facebook.

Je me suis dit “merde.”

Ça me déprime un peu, alors je crois que je vais aller me recoucher.

Roland, Stan et Timea

Chers amis, nous voilà de retour dans des conditions descentes. Alors qu’hier, j’ai dû lutter contre le correfleur auto mastic de mon iPad, j’ai aujourd’hui un ordinateur pour écrire.

Ne vous réjouissez pas trop vite, il ne s’agit pas du mien qui irait mieux. Il est dans la ferme magique où les ordinateurs jouent dans les prairies, tous ensemble (même PC et Mac) et sont heureux. Dans “5 à 7 jours ouvrables” je saurai ce que va me coûter sa réparation. Mais je sens que si quelqu’un cherche un rein, il peut déjà me faire signe.

Bon, qu’est-ce qu’on a ce matin ? L’actu est franchement déprimante, alors parlons sport : avec Stan Wawrinka et Timea Bacsinszky, on pourrait croire que l’on va cartonner au Scrabble, mais c’est bien au tennis que ces deux sont très forts. Et on peut dire qu’ils ont quelques points communs.

Stanislas Wawrinka et Timea Bacsinszky, comme les serial killers, auraient pu être n’importe qui. Votre voisine ou votre épicier, votre mère ou votre chat, pourquoi pas ? Oui, ces deux ont tout des gens réels, concrets, qu’on peut encore croiser en allant acheter un livre chez Payot ou en prenant une cuite au XIII (je vous laisse deviner qui fait quoi).

Ils ne sont pas les meilleurs au classement, ne gagnent pas toujours et ont parfois le mental fragile, même si depuis le début de la quinzaine, ils semblent aussi inarrêtables que des hand spin… MAIS POURQUOI EST-CE QUE TOUT LE MONDE NE PARLE QUE DE ÇA ? ET POURQUOI EN RAJOUTERAIS-JE UNE COUCHE !? BENJAMIN, STOP !

Leur réussite, plus tardive que celle de Federer (qui remporte Wimbledon à 22 ans… Age auquel on est plus susceptible de gagner une chlamydia. Enfin, je dis ça mais c’est un pote qui l’a eue) et dans l’adversité a contribué à les rendre plus humains. Timea a perdu une fois en demi-finale de Roland Garros, en 2015. C’était face à Serena Williams et c’était très rageant. (”A ça Monsieur ! Mais à ça !” **Geste de deux doigts très rapprochés, comme si on pinçait un téton, ou du sel**). Le genre de match qui forge un parcours et qui risque bien de devenir un lointain souvenir, une fois que la Lausannoise aura gagné un tournoi majeur. On sent bien qu’elle n’est pas loin de basculer dans une autre dimension et de franchir un cap. Comme pour Stan et sa double confrontation contre Djokovic en Australie : une défaite épique en 2013, puis une victoire héroïque un an plus tard). On se réjouit que cela arrive.

Parce que ceux qui ont galéré pour y arriver sont souvent les plus attachants : Peut-être pas les plus doués de leur génération, ils en veulent plus que les autres. Et ils savent que cela paie. Au moment où Stan a soulevé le Trophée des Mousquetaires à Paris pour la première fois, on pouvait voir toutes les émotions possibles dans son regard, sauf une : la surprise. Oui, il savait que ce deuxième titre du Grand-Chelem était mérité. Il sait aussi que le talent ne remplace ni l’acharnement, ni la sueur et que l’efficacité est parfois plus belle que l’esthétisme.

Les titres et la gloire ne sont pas une finalité, seuls comptent le chemin et le travail effectués. Il suffit de regarder le bras de Wawrinka : Ever tried. Ever failed. No matter. Try again. Fail again. Fail better. (C’est du Beckett, c’est vous dire s’il a du goût.)

Oui, Wawrinka et Timea, c’est la Suisse qui travaille dans l’ombre, longtemps et patiemment en attendant que cela paie. C’est le monsieur triste qui supporte encore son boulot de caissier, c’est la dame parfois ronchonne qui nettoie vos rues, c’est moi quand je n’ai pas le moral, c’est vous quand vous allez bien. C’est un peu tout le monde. Voilà pourquoi, si tout se passe bien d’ici à dimanche, tout le monde risque d’être content.

Dis, t’as où la quatorzièuuume ?

Malgré une actualité chargée ce week-end, en Suisse et dans le canton de Vaud, nous ne parlerons pas politique. Comme disait Nadine de Rothschild, entre deux orgies pas mondaines du tout : “On ne parle pas politique le lundi matin, bande d’enfoirés.” 

Donc parlons de sport et de la finale de la coupe de Suisse, qui aura lieu jeudi à Genève. Pour ceux qui n’y connaitraient rien, sachez que Sion jouera face à Bâle pour tenter de déjouer les pronostics et gagner une 14ème coupe, en 14 finales.

Et cela risque d’être aussi compliqué que de retranscrire l’accent valaisan dans un titre de blog, parce que Bâle domine le football suisse outrageusement depuis une quinzaine d’année. Pour continuer à gagner en finale, les Valaisans devront être aussi opportunistes qu’Isabelle Chevalley, posant fièrement avec sa veste de stadière et son UDC de secours.

Les joueurs sédunois pourront néanmoins compter sur le soutien de leurs supporteurs, qui risquent bien de se déplacer en masse à Genève. C’est assez rare : la dernière fois c’était en mars pour le salon de l’auto et le stand Subaru.

L’accueil de ces fans risque d’être compliqué, notamment en matière de sécurité. En effet, les supporteurs de Sion détestent ceux de Servette, qui jouent habituellement dans le stade de la finale. Une méthode toute trouvée par les Genevois pour détruire leur stade – qu’ils ne supportent plus – à moindre coût, tout en touchant l’assurance.

A propos d’assurances, et pour tous ceux qui seraient en train de se dire :

“ÇaM’intéressePas,MaisQu’OnLeurDonne22ballonsÀCesBolossJ’aiJamaisComprisLeHors-JeuMaisJeM’EnFoutsPasMal.”

Je souhaite vous rassurer puisque bientôt, tout cela n’aura plus rien à voir avec du sport. On commence par le nom de cette compétition, ressemblant furieusement à celui d’une assurance, mais qui évidemment n’est pas celui du sponsor principal : L’Helvetia Coupe de Suisse. Oui, l’ordre des mots a dû être tiré au hasard. Ou alors il a été choisi de l’autre côté de la Sarine et nous permettra de conclure cet article sur ce constat (qui pourrait même faire office de pronostic) :

Le foot est un sport qui se joue à 11 et à la fin, c’est toujours le Suisse Allemand qui gagne.

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