Après s’être usés les pouces sur Twitter, pochés les yeux devant CNN, et avoir utilisé nos cordes vocales pour dire « euh, 2021 après 6 jours… » (avec l’intonation satisfaite d’avoir trouvé LA vanne). Après tout cela, que nous reste-t-il, à nous, ici ?
Ce qu’il s’est passé hier à Washington est le concentré d’une époque de fake-news, de populisme et de misère sociale, entre autres réjouissances.
Et, des chewing-gums aux sneakers, les Etats-Unis ont toujours influencé une grande partie du reste du monde. Y a-t-il une raison pour que la fragilisation de la démocratie fasse exception ? Pas sûr.
Bien sûr, en Suisse, nous avons de la marge (et Guy Parmelin). Notre président présente l’avantage de ne pas sembler si dangereux dans son apparente incompétence. Mais dans 3, 5 ou 10 ans ?
Et en France, l’an prochain ?
Alors – au lendemain de ce qu’il faut appeler une attaque – que nous reste-t-il ? Honnêtement, je ne sais pas. Mais j’ai une idée de ce qu’il devrait nous rester : un incroyable sentiment de pouvoir.
Chacune de nos conversations, chacun de nos likes, chacun de nos swipes, chacun de nos clics, chacune des images que nous envoyons sur WhatsApp a une influence pour que nous n’en soyons pas là dans 3, 5 ou 10 ans.
Ce pouvoir, nous avons le choix de l’utiliser comme bon nous semble, toutes et tous. Oui, chacune et chacun d’entre nous. Même votre pote qui boit du vin genevois ou votre tante qui a accouché en maison de naissance. C’est la démocratie, c’est fragile.
Et pourtant, jusqu’à preuve du contraire – ou à dans 3, 5 ou 10 ans – nous vivons en démocratie. Elle nous permet de critiquer, corriger, nous moquer et même de virer ceux qui décident. Malgré sa fragilité, la démocratie nous laisse la remettre en question. C’est beau. C’est peut-être beau parce que c’est fragile.
Et nous devons en prendre soin. D’autant plus aujourd’hui. Parce qu’après les grandes oppositions gauche-droite ; conservateurs-progressistes, nous entrons peut-être dans un affrontement entre ceux qui croient aux faits et ceux qui les nient.
Bien sûr, en démocratie, nous pouvons dire « ne vous vaccinez pas », « la Terre est plate » ou « aréoport ». Nous pouvons, mais nous devons en évaluer et en assumer les conséquences. Notre chance est comme notre époque : complètement folle. Et nous l’oublions parfois.
Rappelons-nous de nous informer.
Rappelons-nous que les urnes sont encore le réseau social où notre avis compte le plus.
Rappelons-nous du droit à l’initiative et celui au référendum.
(Rappelons-nous aussi que No Billag était une initiative.)
Evidemment, tout ceci n’a pas encore réussi à éradiquer certaines injustices, inégalités et discriminations. Mais nous pouvons. Nous sommes en démocratie.
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