New-York est 12x plus cool que Lausanne. Je suis arrivé à ce constat en comparant le nombre de visionnages des webcams live de la capitale vaudoise avec celle de la Big Apple.

Et quid de Berne, où je vis désormais? Cette ville est-elle d’un ennui tel qu’il faudrait y déterrer ce blog ou regarder des webcams ailleurs dans le monde, passant de la place de la Palud à Times Square, comme on zapperait « les Anges de la télé-réalité » pour « Les Marseillais à la bibliothèque » (émission qui n’existe pas encore, mais qui a un potentiel conflictuel infini)?

J’ai failli chercher webcam Berne sur Youtube (pour comparer le nombre de vues), avant de m’apercevoir que si je voulais voir Berne je n’avais qu’à regarder par la fenêtre. Je présume que cette réflexion vous inquiète, mais dites-vous que celles et ceux nés en 2004 doivent trouver cela tout à fait normal et qu’ils et elles ont le droit de vote.

Bref, pour connaître la jauge du cool de Berne, il suffit de revenir au moment où Natalie et moi avons annoncé que nous allions y déménager pour un an et demi. Et de voir la réaction de nos proches (jeunes citadins à tendance « abonnements à des paniers de légumes »).

C’est plus efficace de regarder la pluie par la fenêtre, car soyons honnêtes quant au monde dans lequel nous vivons: peu importe que ce soit cool pour les personnes concernées, tant que cela en a l’air pour les autres.
Donc, voici la réaction (plutôt unanime) de nos proches:

– Ah super. Vous déménagez quand? Pour combien de temps?
– Bientôt, pour un an et demi.
– Du coup, vous louez votre appartement?
– Oui, on va essay...
– Vous avez trouvé des gens?Vous reviendrez les week-end?BenjamintuvasfairecommentaveclesuisseallemandLOOL?

Mais surtout – tels des aventuriers du Lifestyle – leur sentence était irrévocable:

Berne, c’est vachement chouette, surtout en été. Et puis, les gens sont vraiment sympas.

Bien que ce mardi moche (15 degrés pour 10 minutes d’ensoleillement et 6% de motivation) soit éloigné de ma conception de « ce qui est vachement chouette en été », je dois me rendre à l’évidence:

Berne est cool. C’est mon mardi qui l’est moins.

Cela étant, mes proches se sont peut-être trompés sur la sympathie des Bernois. En effet, au moment où j’écris ces lignes, une dame peine à masquer un ton passif-agressif en témoignant sa déception quant à l’absence de « vin sans alcool » à la carte du bistrot dans lequel j’écris:
« – Non mais parce qu’en Allemagne, il y en a partout, si jamais. » Pas déstabilisée, la patronne du bistrot ne bronche pas.

Ça fait beaucoup d’informations à encaisser et d’éléments à décoder, je sais. Allons-y dans l’ordre:

1/ Déjà, comment être sûr que cette dame soit Bernoise? Ses orteils et sa gourde termos dépassent respectivement d’une paire de Birkenstock et d’un Totebag. Alors oui, on était à une paire de Stan Smith d’avoir affaire à une Lausannoise. Mais 2-1 pour les orteils et la localisation.

2/ Ensuite: du vin sans alcool. Vraiment? Oublions un instant l’absence TOTALE de différence avec du jus de raisin, et concentrons-nous sur le fait que le seul alcool sans alcool (mon dieu, ce concept) qui soit bien fait, c’est le Rimus.
Un peu pour le côté « Madeleine de Proust » mais beaucoup parce que c’est du jus de pomme: le lendemain, tu as le bide retourné comme après une vraie cuite.

3/ Finalement, s’il fallait s’inspirer de l’Allemagne en toute situation, vous ne pourriez pas vous demander si ces lignes relèvent du point Godwin ou non.

Bref, tout cela pour dire que je suis à Berne. Je ne suis pas encore en mesure de réaliser mon rêve – à savoir transformer ce blog en Vanity Fair du Parlement (les ébats y semblant plus intéressant que les débats) – mais écrire ici est déjà un premier pas.

Pour ce qui est de la météo, je crois qu’il va faire beau la semaine prochaine.