Darius Rochebin, Pierre Maudet, le rachat du Temps, le documentaire complotiste Hold-up, la rédaction en cheffe de Femina, mon (ma ?) COVID : La période est étonnamment chargée, alors que nous nous étions habitués à ce que le mois de novembre soit aussi morne et vide que nos âmes… en novembre (justement).
Parce que normalement, novembre, c’est un dimanche qui dure 30 jours. Novembre, c’est un orteil qui se prend le coin d’un meuble. Novembre, c’est un masque qu’on a oublié à la maison, alors que l’on s’apprête à monter dans le bus. Novembre, ce n’est pas un film en noir et blanc suisse, mais la critique d’un film en noir et blanc suisse, dans Le Courrier et en noir et blanc.
Mais pas là. Non, jusque là, c’était plutôt sympa. Plus de dix jours à la maison, à se demander à quelle heure on allait commencer à boire. Allez, quand même trois jours de maux de têtes. Mais dur de dire si c’était le/la/les (?) COVID, ou une réponse un peu trop ambitieuse à la question précitée.
Alors qu’il aurait été préférable de tomber vraiment malade. Histoire d’avoir quelque chose à raconter. Et de monétiser la sympathie de mes failles authentiques contre quelques likes. Un peu comme les Instagrammeuses qui font exploser l’engagement de leurs posts quand elles montrent que – scoop ultime – quand on ne se cambre pas en rentrant le ventre, et bien le ventre n’est pas rentré.
Mais non, rien.
Je veux dire, ma plus grande préoccupation de la semaine a été de trouver quelqu’un qui était d’accord d’aller acheter Le Matin Dimanche et de l’amener devant mon pallier (cette personne existe, elle s’appelle Olivier, et elle est super). Pour la sympathie, on repassera.
En plus, depuis la fermeture des restaurants et des bars, je n’ai même plus la force de faire d’analyse de comptoir sur l’actualité. (Bon allez, tout de même, rapide commentaire sur les sujets cités en début d’article :
- Darius Rochebin : on savait, mais pas à ce point. Le mec, c’est un journaliste OU UN ICEBERG ?!
- Pierre Maudet : lol.
- Le rachat du Temps : ça avait l’air bien pour eux, et après on a appris qu’ils allaient devoir bosser à Genève. Les pauvres (renfloués, mais pauvres quand même).
- Hold-up : déçu de ne même pas avoir la curiosité de regarder le documentaire. Franchement, être testé positif, n’avoir aucun symptôme et ne même pas virer complotiste, c’est presque du gâchis.
- Femina : Géraldine Savary peut expliquer combien de fois elle veut que le journal sera comme ci ou comme ça, on sera rassuré quand on nous dira si, oui ou non, il craquera enfin moins que le parquet « d’un brocanteur bio qui chine des plaids norvégiens » (à part les mots-fléchés, je ne lis pas trop Femina, je sais pas). Mais quand même :
Voilà, fin de la parenthèse actualité.) Oui parce qu’après 809 caractères espaces compris vous avez sûrement oublié que j’avais ouvert une parenthèse. Et vous êtes peut-être en train de vous demander où cette deuxième digression va nous emmener. La réponse est « nulle part ».
On n’est pas dans une émission radio d’Edouard Baer (malheureusement).
Et même mon.ma.mes.mex (??) COVID, franchement, rien de dingue à dire. En plus de boire des verres, j’ai même pu travailler. Parfois en même temps. Comme les restaurateurs en fait, quand ils pouvaient travailler.
Quid du retour à la « normale » ? Bof. Franchement, c’était mieux quand c’était quelqu’un d’autre qui s’occupait de vider le compost (cette personne existe, elle s’appelle ma mère et Valentin et ils sont super).
Ce n’est même pas tellement que je n’aime plus parler de moi. Mais j’ai l’impression que cette deuxième vague est plus usante que la première. Nous ne pouvons toujours pas vivre normalement. Et en plus, nous avons la flemme de vouloir exister.
Avant, on avait au moins l’impudeur d’exister. Au bistrot, à Bali, au stade, en live sur Instagram pour défendre la culture. Mais là ? J’ai l’impression que nous avons carrément plaqué les CDI de community managers de notre propre bonheur.
Peut-être parce que – entre les complotistes, les hôpitaux débordés, le besoin de « sauver Noël » tout en préservant notre santé mentale – il n’y a pas grand chose à faire, à part attendre.
Ou peut-être parce que ceux qui en ont la chance découvrent qu’être posé chez soi, sans pouvoir sortir autre chose que le ventre et une bouteille de rouge, c’est plutôt sympa.
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